Libération vient de commettre un mauvais coup, quelque chose dont ce journal moribond nous avait donné l’habitude depuis 2005 et la campagne du référendum sur le projet de constitution européenne.
Mais, cette fois, ce mauvais coup porte sur la Russie et prend la forme d’une pseudo-enquête sur les « réseaux de Poutine » en France. Il est frappant que, dans l’esprit de ces « journalistes », on ne puisse défendre des positions qu’au travers de réseaux. Sans doute est-ce le reflet du monde grégaire dans lequel ils vivent. Mais il y a plus grave. Il y avait une tradition dans la presse française, qui remontait à Émile Zola ; c’était celle de « J’accuse ». Aujourd’hui, les journalistes dénoncent. Le passage d’un mot à un autre en dit long sur le processus de dégénérescence. Cette « dénonciation » se trouve dans le numéro de vendredi 24 octobre. Je n’aurais pas relevé ce qu’elle avait d’ignominieux si certains de mes collègues et amis n’étaient aussi mis en cause.
Du journalisme d’investigation au journalisme d’inquisition
Le soi-disant dossier fait sept pages. C’est rendre beaucoup d’honneur à ceux qui sont mis en cause. Je suis persuadé que d’autres, hommes politiques ou industriels, sauront y répondre. Je me contenterai de ce que je connais, et je prêcherai pour ma paroisse.
Courriel de présentation de la journaliste de Libération
De : "Lorraine Millot"
À : sapir@msh-paris.fr
Envoyé : Lundi 8 Septembre 2014 17:05:08
Objet : Interview avec Libération
Cher Monsieur Sapir,
serait-il possible de vous rencontrer pour un entretien avec Libération ? Je voudrais vous interroger sur la relation franco-russe et l’image du régime russe en France, dans le contexte actuel du conflit en Ukraine.
En tant qu’ancienne correspondante à Moscou, et Washington, je serais aussi très heureuse de cette occasion de faire votre connaissance.
Lorraine Millot
Libération
La journaliste, qui s’était présentée ainsi le lundi 8 septembre, commence son papier par cette affirmation : « il nous cueille par une question, la même exactement que celle posée par John Laughland de l’étrange Institut de la démocratie et de la coopération : pouvez-vous prouver que la Russie est intervenue cet été en Ukraine ? » C’est tout simplement faux. La conversation n’a pas commencé sur ce point, et je ne suis pas si mal élevé que j’apostropherais de la sorte une personne ayant demandé à me voir. Quand la discussion est venue sur ce sujet, j’ai demandé à la journaliste si elle avait les preuves d’une présence massive de l’armée russe dans l’Est de l’Ukraine. Je lui ai fait part de mes doutes sur ce point, mais aussi du fait qu’il était certain que la société russe s’était assez largement, et avec l’accord du gouvernement, portée au secours des forces insurgées. La présentation de cette partie de notre entretien est tout simplement mensongère.