« Une secousse pour l’ensemble de la politique britannique », commentait Nigel Farage après la victoire du premier député de son parti UKIP [1] à la Chambre des Communes. Personne ne songerait à le démentir, tant l’onde de choc se ressent dans tous les états-majors politiques.
Douglas Carswell, ancien député conservateur de Clacton-on-Sea, sur la côte est de l’Angleterre, a été élu à sa propre succession après sa défection cet été pour l’UKIP. Mieux, il a amélioré son score de 2010 sous sa nouvelle étiquette, recueillant 60 % des voix, un camouflet pour le candidat conservateur relégué distant second avec 25 % des suffrages.
Là pour durer
L’entrée historique d’un élu UKIP au palais de Westminster est un signal d’alarme pour tous les partis britanniques. Le traditionnel bipartisme est enterré. Les centristes libéraux démocrates, ancienne force de protestation, sont laminés au profit des populistes europhobes et anti-immigration de l’UKIP. Ces derniers étaient arrivés en tête aux européennes avec 27 % des voix. Les pronostics que ce sursaut serait suivi d’un recul à l’approche des législatives de mai 2015 (ils avaient fait 3 % en 2010) sont déjà démentis. À la faveur de deux défections du Parti conservateur, l’UKIP est là pour durer et sérieusement perturber le jeu. Westminster bruissait déjà vendredi de scénarios d’alliances électorales ou de coalitions gouvernementales incluant l’UKIP.