La Corée du Sud a la réputation d’être prompte au racisme ordinaire et au nationalisme exacerbé.
Cette semaine, les efforts des autorités pour débarrasser le pays de ses travers xénophobes vont être passés au crible par l’ONU. Le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, Mutuma Ruteere, a entamé lundi une mission d’une semaine.
La Corée du Sud figure parmi les pays d’Asie les plus ethniquement homogènes. Mais elle accueille une population d’étrangers qui ne se sentent pas toujours bien accueillis.
Certains se plaignent de racisme ordinaire, à la télévision par exemple lorsque des présentateurs se badigeonnent le visage de cirage noir. Ou quand une publicité pour la marque de cigarettes "Cette Afrique" met en scène des chimpanzés déguisés en journalistes de télévision.
Personne n’éduque les enfants coréens contre le racisme
"Je crois que ce genre de chose s’explique largement par l’ignorance", commente Kim Ji-Yoon, chercheur à l’Institut Asan d’études politiques de Séoul. "Cela émane de gens qui ne savent pas vraiment ce qu’est le racisme, ce qu’on doit ou ce qu’on ne doit pas dire. Nous n’avons pas encore reçu ce type d’éducation", ajoute-t-il.
Une élue moquée parce qu’elle est d’origine philippine
Certains expérimentent la discrimination en direct, comme les immigrés sous-payés occupant des emplois non qualifiés. À son élection comme députée en 2012, Jasmine Lee, une Coréenne d’origine philippine, a subi de virulentes attaques racistes sur internet.
Un jugement de valeur à la base ?
Pour Kim Hyun-Mee, professeur de sciences sociales à l’université de Yonsei, les discriminations en Corée du Sud s’expliquent partiellement par la croissance économique rapide dont elle bénéficie. "Certains pays, notamment les plus développées comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, sont perçus comme étant supérieurs", dit-elle. "Les pays émergents sont vus comme des inférieurs, sans motif précis".
L’ONU serre la vis
Le nationalisme bien enraciné dans la société tient de l’Histoire aussi. La Corée a vécu dans un isolement relatif, constamment sous la menace des voisins chinois et japonais. Les choses pourraient toutefois changer à la faveur des flux migratoires.
L’émissaire des Nations unies doit rencontrer des syndicalistes ainsi que des représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de la Justice, de l’Éducation et des Affaires maritimes. Son rapport sera transmis en 2015 au conseil des droits de l’homme de l’ONU.