La progression des jihadistes (sunnites) de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a de quoi préoccuper l’Iran (chiite) dans la mesure où, notamment, beaucoup de lieux saints du chiisme sont situés sur le territoire irakien, notamment à Kerbala, Najaf, Kazimiyah et Samarra
« À propos des lieux saints des imams chiites (en Irak), nous prévenons les grandes puissances, leurs laquais, les tueurs et les terroristes, que le grand peuple iranien fera tout pour les protéger », a ainsi affirmé le président iranien, Hassan Rohani, ctte semaine, lors d’un discours prononcé à Khoram-Abad.
Outre cette question, Téhéran a noué une relation particulière avec Bagdad depuis que Nouri al-Maliki, un chiite, est devenu le chef du gouvernement irakien. La politique de ce dernier à l’égard des minorités explique en partie – mais en en partie seulement – la progression de l’EIIL dans le nord de l’Irak, où les autorités ont perdu le contrôle de plusieurs villes et secteurs.
En outre, il y a maintenant quelques années, et alors que les groupes islamistes sunnites, dont celui du sinistre Abou Moussab al-Zarkaoui étaient très actifs, Washington avait accusé Téhéran de financer et d’entraîner des milices chiites irakiennes, comme les Brigades Badr ou Assaïb Ahel an-Haq (la ligue des vertueux). Et l’Iran accueille les bureaux de plusieurs formations politiques chiites, comme par exemple le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak d’Ammar al-Hakim.
Ainsi, l’influence iranienne en Irak est certaine. Pour le moment, il n’est pas dans l’intention de Téhéran, du moins officiellement, de s’impliquer militairement aux côtés des forces irakiennes contre les jihadistes de l’EIIL. En revanche, dans les coulisses, il semblerait qu’il en aille autrement.
Selon un porte-parole du Pentagone, en l’occurrence le contre-amiral John Kirby, des « agents révolutionnaires iraniens » seraient en effet présents à Bagdad. À priori, il s’agitait vraisemblablement d’un « petit nombre » d’éléments de la Force Qodes des Gardiens de la Révolution, chargée des opérations militaires extérieures secrètes.
« Leur ingérence en Irak n’a rien de nouveau », a estimé le contre-amiral Kirby, qui n’a pas souhaité faire plus de commentaires, si ce n’est de souligner le fait que Washington « avait des indications selon lesquelles il y a au moins quelques agents en Irak ».
Selon des sources diplomatiques occidentales, le chef de la Force al-Qods, Ghassem Souleinami, aurait fait le déplacement à Bagdad, la semaine dernière, pour y rencontrer Nouri al-Maliki. Au vu du contexte, ce n’était certainement pas pour commenter les derniers résultats de la coupe du monde de football…