Contre les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh), « il y a un rôle à jouer pour pratiquement chaque pays dans le monde, l’Iran y compris », a estimé, le 20 septembre, John Kerry, le chef de la diplomatie américaine. Quelques jours plus tôt, le même avait affirmé que la présence de Téhéran à la conférence de Paris sur l’Irak n’était « pas adéquate » en raison de son rôle en Syrie.
Cela étant, Washington aurait cherché au moins à dialoguer avec Téhéran pour contrer l’offensive lancée en juin dans le nord irakien par l’EI, si l’on en croit les propos tenus le 15 septembre par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
« Les États-Unis, via leur ambassadeur en Irak, ont demandé une coopération contre Daesh. Certains responsables n’étaient pas hostiles, mais j’ai refusé, car les Américains ont les mains souillées et des intentions malsaines », a ainsi déclaré Ali Khamenei. « Les Américains mentent lorsqu’ils disent avoir refusé la présence de l’Iran dans l’alliance, car dès le début nous avions déclaré notre opposition à une telle présence », a-t-il insisté.
Bien évidemment, il n’est pas question pour les autorités iraniennes de rejoindre la coalition formée sous l’égide des États-Unis contre l’EI. D’une part parce que cette dernière réuni les pays du golfe arabo-persique avec lesquels Téhéran n’entretient pas de bonnes relations (c’est un euphémisme) en raison de l’opposition entre le chiisme et le sunnisme. D’autre part, il n’est pas question pour l’Iran de prêter son concours à des frappes en Syrie, pays allié. Et à cela, s’ajoute la question kurde.
Quel rôle alors peut jouer Téhéran dans la lutte contre l’EI, qui menace en outre des lieux saints du chiisme ? « Si le groupe terroriste Daech s’approche de notre frontière, nous l’attaquerons en profondeur en territoire irakien et nous ne lui permettrons pas de s’approcher de la frontière », a expliqué, le 27 septembre, le général Ahmad Reza Pourdastan, le commandant de l’armée de terre iranienne. Actuellement, les jihadistes contrôlent une partie de la province irakienne de Diyala, frontalière de l’Iran.
Pourtant, l’Iran a apporté une aide à l’Irak afin de freiner la marche de l’EI vers Bagdad, en juin, notamment en envoyant des avions SU-25 Frogfoot qui ne pouvait qu’être mis en oeuvre par les Gardiens de la Révolution (les Pasdarans) étant donné que les forces aériennes irakiennes n’ont plus – du moins en théorie – de personnels qualifiés pour les piloter.
« Aujourd’hui, certains de nos commandants sur le terrain fournissent des conseils à l’Irak et son armée, ainsi qu’au Hezbollah libanais », a d’ailleurs admis, le même jour, le général Gholam-Ali Rashid, l’adjoint du chef de l’état-major des forces armées iraniennes, cité par Sepahnews.com, le site des Pasdarans.
De son côté, le président iranien, Hassan Rohani, a récemment affirmé, lors d’une conférence de presse donnée à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, que « sans l’aide de l’Iran, Bagdad serait peut-être aux mains des terroristes aujourd’hui ».
D’une manière générale, pour Téhéran, la stratégie suivie par les États-Unis et leurs partenaires en Irak et en Syrie ne « peut pas apporter la stabilité et la sécurité dans la région ». En outre, les autorités iraniennes ont critiqué les frappes aériennes effectuées par la coalition en Syrie, estimant qu’il « fallait l’accord du gouvernement syrien pour mener de telles actions » dans ce pays.