Le nouveau premier ministre indien Narendra Modi a invité le premier ministre pakistanais à sa cérémonie d’inauguration pour montrer qu’il souhaite mettre un terme à l’hostilité entre les deux pays, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les relations avec Pékin, Moscou et Tokyo resteront toutefois prioritaires dans la politique de New Delhi.
L’inauguration de Narendra Modi, chef du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) qui a remporté les législatives, se tiendra lundi. Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et les dirigeants d’autres pays voisins ont été conviés à la cérémonie. L’importance de cette démarche est révélatrice puisque ces soixante dernières années, les armées de l’Inde et du Pakistan se sont affrontées à trois reprises et la situation sur la ligne de contrôle dans la région frontalière du Cachemire reste tendue.
Par ce geste de bonne volonté envers le Pakistan, Modi envoie également un signal aux leaders de la communauté musulmane en Inde. Après tout, le BJP est un parti laïque de nationalistes hindous. Mais il s’appuie sur des organisations paramilitaires, comme Rashtriya Swayamsevak Sangh (Organisation volontaire nationale), prônant la suprématie de l’hindouisme, confession très majoritaire dans le pays.
Cette situation préoccupe les musulmans, d’autant que Modi fut ministre en chef de l’État du Gujarat, où des pogroms de musulmans ont éclaté il y a 12 ans et près de mille personnes avaient été tuées dans ces affrontements. En invitant le dirigeant de ce pays islamique, Modi se montre prêt à mettre un terme à une hostilité séculaire qui a terni les relations entre les hindous et les musulmans.
Au regard des premières démarches de Modi en politique étrangère, les experts notent que la Chine, la Russie et le Japon seront ses priorités. La Russie restera un partenaire stratégique de l’Inde, qui a indirectement soutenu Moscou dans son conflit avec l’Occident autour de l’Ukraine et s’est opposée aux sanctions internationales.
Après la victoire de Modi, Barack Obama l’a invité à se rendre en visite aux États-Unis. "Washington tente de se racheter après avoir refusé à Modi un visa américain pendant neuf ans suite aux émeutes dans le Gujarat, ce qui était un outrage personnel pour le futur premier ministre", interprète le site Russia & India Report (RIR). Modi ne s’empresse pas de partir aux USA. Pour son premier voyage à l’étranger il a l’intention de se rendre au Brésil pour le sommet des pays du Brics.
La Russie et l’Inde sont particulièrement proches dans beaucoup de secteurs, notamment la défense. L’Inde est le seul pays avec lequel la Russie développe des missiles de croisière et à qui Moscou a loué un sous-marin nucléaire. Le RIR rappelle également que l’Inde et la Russie avait signé un accord secret pour la construction, par les spécialistes russes, de deux réacteurs supplémentaires en plus des deux premiers à la centrale nucléaire de Kudankulam, au sud du pays, selon les technologies russes.
Les liens gouvernementaux russo-indiens sont très solides. Cependant, les contacts entre les sociétés civiles et les hommes d’affaires des deux pays sont limités. Les médias ont annoncé que Modi souhaitait augmenter les échanges commerciaux avec la Russie pour passer de 11 milliards de dollars aujourd’hui à 40 milliards de dollars. Pour l’instant, les chances d’une telle évolution sont faibles.