Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), l’Algérie est le pays africain qui investit le plus dans ses forces armées, loin devant l’Afrique du Sud, l’Égypte ou encore l’Angola.
Et cela ne va changer dans l’immédiat étant donné qu’Alger va augmenter son budget militaire de 10% en 2015, ce qui portera ce dernier à plus de 13 milliards de dollars.
D’après le projet de loi de finances dévoilé le 9 septembre par l’agence APS, la défense restera donc le premier budget de l’État, devant celui de l’Éducation, crédité de 9,2 milliards de dollars. Pour 2015, le gouvernement algérien espère un taux de croissance de +3,42% et table sur une inflation de 3%.
La hausse continue du budget algérien de la défense, observée depuis plusieurs années, répond à plusieurs nécessités, à commencer par la modernisation des capacités de la l’Armée nationale populaire (ANP).
C’est ainsi que, par exemple, Alger a acquis ou commandé 44 avions de combat Su-30 MKA, 2 sous-marins Kilo, 3 corvettes C-28 d’origine chinoise, 2 frégates Meko200, 3 systèmes de défense aérienne S-300 PMU-2, une centaine de chars T-90S ainsi que près d’un millier de véhicules blindés Fuchs 2.
Cet effort de défense est aussi une réponse à la progression des dépenses militaires consenties par le Maroc, pays avec lequel l’Algérie n’entretient pas les meilleures relations du monde, notamment à cause du différend concernant le Sahara occidental.
En outre, le contexte régional plaide également pour un effort de défense conséquent, avec les troubles en Tunisie et en Libye et la présence terroriste dans le nord du Mali, au Niger et même sur son territoire (à la base, al-Qaïda au Maghreb islamique – AQMI – est une organisation algérienne). Cependant, la doctrine d’Alger interdit à l’ANP de participer à des opérations militaire en dehors de ses frontières.
Par ailleurs, l’Algérie cherche à se doter d’une industrie de défense, avec des collaborations conclues avec des groupes allemands et émiratis (comme Tawazun). C’est ainsi le cas avec Rheinmetall, afin de produire les blindés Fuchs 2 à Aïn Smara (400 km d’Alger) ou encore avec le consortium Deutsche electronics für algerian (Degfa) constitué par Airbus Defense&Space (ex-Eads Cassidian), Rohde & Schwarz et Carl Zeiss pour produire à Sidi Bel Abbès des composants électroniques destinés à l’ANP.
Quant aux importations algériennes d’équipements militaires, la Russie se taille la part du lion puisqu’elle est le premier fournisseur de l’ANP. Et cela en dépit de quelques couacs, comme en 2008 avec l’affaire des MiG-29 SMT dont la livraison avait été refusée par Alger pour des défauts de qualité). Toutefois, l’Algerie commence à diversifier ses approvisionnements, en s’adressant de plus en plus à l’Allemagne, à la Chine, à l’Italie et même aux États-Unis.
Et les industriels français ? « Les commandes de matériels militaires de l’Algérie à la France sont pour l’instant très limitées. Elles se réduisent à l’acquisition, en 2011, de 20 vedettes garde-côtes de la société Ocea, à la fourniture régulière, mais dans des volumes réduits, de moyens d’optroniques des sociétés Thales et Sagem pour équiper l’infanterie et les avions et chars russes, et à des contrats logistiques de soutien de ces systèmes ainsi que d’hélicoptères (32 appareils Ecureuil AS-355N) », constatait un rapport parlementaire publié en octobre 2012.
Et d’ajouter : « Pourtant, les parcs d’équipements militaires algériens sont vieillissants et nécessiteront d’être modernisés ou remplacés dans un avenir proche. Dès lors, l’Algérie apparaît comme un marché particulièrement prometteur pour les industriels français, avec notamment des ouvertures possibles dans les domaines de l’aéronautique et de la défense aérienne ».