L’incohérence de leur communication étant sans doute le reflet de leur confusion organisationnelle militaire, les insurgés ont finalement admis, par la bouche d’un commandant de brigade ASL, Houssan Abou Mohammad, que leurs bandes avaient définitivement évacué leur « bastion » alépin de Salaheddine, après avoir nié pendant des heures l’avancée de l’armée dans ce quartier.
Le commandant Mohammad invoque notamment un « bombardement inouî » , et utilise l’expression « retrait tactique » pour masquer, ou du moins atténuer, cet aveu d’échec militaire.
Un échec militaire et politique : Salaheddine était pour l’ASL le Bab Amr d’Alep. Force est de constater que l’affaire de Salaheddine a été réglée – non sans mal, il est vrai – nettement plus rapidement que celle de Bab Amr : à peine trois semaines contre six mois. La perte de Salaheddine est aussi, pour les bandes de l’opposition, une perte de prestige militaire, l’échec étant proportionnel au niveau de rodomontades de leurs porte-parole.
Un autre commandant de brigade ASL – combien sont-ils à Alep ? – Wassel Ayoub, a indiqué à l‘AFP que les rebelle allaient constituer un nouveau front à Seif al-Dawla et Machhad. Si l’on regarde un plan d’Alep, on voit que ces deux quartiers sont à l’est de Salaheddine : le premier est contigu à Salaheddine, et mesure un kilomètre de longueur pour 200 mètres de large. L’AFP cite à ce propos une « source de sécurité » syrienne qui dit que l’armée avance dans Seif al-Dawla, mais s’attend à trouver une nouveau point de résistance à Soukkari (ou Sikari), a un peu plus d’un kilomètre au sud-est de Salaheddine, et aux limites sud d’Alep.
Communication ou intoxication psychologique à destination des rebelles ? La même source assure que « seulement 10% des renforts de l’armée ont été utilisés jusqu’à présent dans cette bataille », qui a vraiment démarré voici deux jours, en tous cas pour ce qui est de l’offensive générale de l’armée.
De Salaheddine à Alep, d’Alep à la Syrie ?
Comme de juste, l’ASL entraîne dans sa défaite la plupart des médias français qui ont relayé depuis la mi-juillet ses communiqués de victoire, essayant d’enterrer le régime à Alep, après avoir raté leur coup à Damas. Si la victoire de l’armée syrienne se confirme dans les jours qui viennent, c’est encore un peu de la crédibilité des journalistes français qui aura sombré dans cette ville.
La bataille d’Alep n’est pas terminée, mais elle prend un cours nouveau et positif, encore que prévisible. Nous avons écrit que la défaite de l’ASL dans cette ville, après celle enregistrée quelques jours plus tôt à Damas, brisera les reins et le moral des insurgés, qui ont pu constater que :
1) pour l’essentiel la population ne les accueillait pas en libérateurs, 2) l’armée les combattait avec résolution et énergie, deux mauvaises surprises pour des jeunes gens saoulés de propagande et de prêches islamistes.
Alep débarrassée des bandes atlanto-islamistes, la guerre anti-terroriste et anti-ingérence en Syrie ne sera pas achevée non plus, mais la victoire totale sera dès lors envisageable. On se rapproche de ce tournant, nous semble-t-il.