On ne pensait pas pouvoir revivre ça. Pas deux fois. Impossible. Même la boxe amateur, pourtant connue pour ce genre de choses, ne peut pas être si injuste. Eh bien si.
Terrible destin olympique pour Alexis Vastine. Quatre ans après avoir été volé par les juges en demi-finale des Jeux, ses larmes de Pékin ont trouvé un écho à Londres où le boxeur tricolore a revécu la même chose ce mardi lors de son quart de finale des -69 kg.
Opposé au champion du monde ukrainien Taras Shelestiuk, Vastine a été donné perdant à la « count back decision » après une égalité parfaite 18-18 à l’issue des trois rounds. Si l’égalité paraissait déjà irréelle tant Alexis a plus porté de coups, donner vainqueur le boxeur qui a le moins « travaillé », qui a le moins été actif, relève de la pure escroquerie. Même l’Ukrainien semblait surpris de voir l’arbitre lever son bras…
De quoi terrasser de douleur le Français. Couché sur le ring à l’annonce du verdict, Vastine hurle puis frappe de rage dans un coin du ring avant de tomber en pleurs et d’enlacer son frère Adriani. Les « Pourquoi ? » et les « Pas deux fois ! » se mêlent aux « Ils ont pas le droit ! ». Passé devant les médias sans s’arrêter après plusieurs minutes assis contre un mur à pleurer, l’inconsolable Alexis continue de s’exprimer par de grands cris, des « Un truc de dingues ! » ou des « Nique ta mère, le rêve ! ».
Terrible destin olympique dans un sport qui a plus que jamais besoin de faire sa révolution (un juge a donné… 6-2 à l’Ukrainien au premier round, même un enfant de trois ans n’aurait pas jugé si mal…). « C’est une décision incroyable, insupportable », résume Jean Savarino, l’entraîneur tricolore. « Quel vol ! Le Français a gagné largement ! », confirme sur Twitter le Gallois Joe Calzaghe, ex-champion du monde des super-moyens.
Et vous voulez connaître la meilleure ? Vastine n’a pas été le seul boxeur hexagonal « volé » ce mardi. L’autre engagé en quart de finale, Nordine Oubaali (-52 kg) a vécu le même sort face à l’Irlandais Michael Conlan. Un dénouement accueilli avec fatalisme et ironie par un garçon fatigué des injustices de sa discipline.
« C’est la boxe amateur, je me suis fait avoir plusieurs fois, explique Oubaali. (…) Il valait peut-être mieux m’éliminer maintenant qu’après où ça ferait plus de bruit… J’espère que les juges sont contents. Mon adversaire sait bien que la décision n’est pas justifiée. »
Dégouté de ces vieilles habitudes de la boxe amateur, Nordine va désormais se tourner vers le monde professionnel. « Même si j’avais fait une médaille, pour moi, la boxe amateur, c’était terminé… Quatre ans d’efforts en vain… » Et Vastine de l’appuyer : « C’est bon, j’en peux plus, je sature… »
Si la France a porté réclamation pour ses deux boxeurs, l’AIBA (Fédération internationale) l’a rejetée dès ce matin. Quelle drôle de publicité pour la boxe olympique… Nous vous proposons de voir ou revoir la fin du combat d’Alexis Vastine, la décision des juges et sa réaction (la seule) au micro de France Télévisions. Un grand moment d’émotion partagée entre le boxeur et son public.
Irrégularités flagrantes aux J.O dans les tournois de boxe :
Faut-il supprimer la boxe amateur aux Jeux Olympiques ? La question mérite d’être posée tant la discipline fait l’objet de nombreuses injustices sportives à chaque olympiade. On se souvient notamment du combat perdu par l’Américain Roy Jones en finale des Jeux Olympiques de Séoul en 1988 face au local Park Si-hun. Le futur champion du monde des poids moyens avait lui aussi largement dominé la rencontre avant d’être déclaré battu.
Le boxeur sud-coréen lui avait présenté ses excuses et après une enquête, il fut découvert que les trois juges avaient été achetés pour donner une médaille d’or à la Corée du Sud… Lors des Jeux Olympiques de Pékin, de nouveau, de nombreuses décisions furent contestées si bien qu’un nouveau système de notations fut mis en place avec cinq juges au lieu de trois et la prise en compte des trois notations les moins extrêmes.
Cela n’a pas empêché de nombreux scandales d’éclater tout au long de la semaine avec un favoritisme flagrant pour les boxeurs britanniques – mention spéciale pour le combat de super-lourd entre Erislandy Savon Cotilla, le neveu du grand Felix Savon et Anthony Joshua, remporté par ce dernier la tête en sang après avoir subi une correction lors du dernier round. Mais il y a encore plus « extravagant ». En septembre dernier, un reportage de la BBC démontrait que des hommes d’affaires azéris avaient versé 9 millions de dollars pour s’assurer deux médailles d’or olympiques.
L’Association internationale de boxe (AIBA), la même qui n’a rien trouvé à redire mardi sur les deux verdicts, avait alors expliqué que ce versement n’avait rien de secret (sic). Et l’incroyable de se produire le 1er août dernier, avec la défaite dans un premier temps annoncée du Japonais Satoshi Shimizu face à l’Azéri Magomed Abdulhamidov. Ce dernier est allé… six fois au tapis dans la troisième reprise, parfois secouru par l’arbitre lui-même qui a tout simplement oublié de le compter. Le Japon fera appel de la décision et l’AIBA sera obligée de disqualifier l’Azéri et de renvoyer l’arbitre à sa lecture des règlements de la boxe. Les juges, eux, oeuvrent toujours à Londres…