Un millier de koweïtiens ont manifesté mardi pour réclamer des réformes dans ce riche pays pétrolier du Golfe et le remplacement du Premier ministre qu’ils accusent d’incompétence.
L’appel à la manifestation a été lancé par dix groupes rassemblant des islamistes, des libéraux et des nationalistes arabes dans cet émirat, quatrième producteur de l’OPEP, dont la population de quelque 3,5 millions d’habitants compte seulement un tiers de nationaux.
Les protestataires se sont rassemblés sur une place de la capitale face au siège du gouvernement, qu’ils ont baptisée "Place du Changement", au milieu d’un important dispositif de sécurité et alors qu’un hélicoptère survolait le lieu.
Portant des banderoles appelant à la démission du gouvernement et la nomination d’un nouveau Premier ministre, ils ont juré de continuer leurs protestations jusqu’au départ du chef du gouvernement, cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad al-Sabah.
L’un des principaux groupes appelant aux manifestations, "la Cinquième Muraille", avait changé le lieu de la manifestation, la police ayant bloqué les accès à la place Safat où elle devait se tenir.
"M. le Premier ministre, vous avez accompli votre travail, mais les Koweïtiens méritent mieux. S’il vous plaît, partez", a crié l’une des militantes, Mme Mariam al-Ajmi, devant les manifestants arborant les drapeaux koweïtiens.
Le richissime émirat du Koweït, gouverné par la famille Al-Sabah depuis plus de 250 ans, a jusqu’ici été épargné par la vague de contestation du monde arabe.
Depuis sa nomination comme Premier ministre en 2006, cheikh Nasser a dû faire face à une opposition parlementaire incessante qui l’a contraint à dissoudre cinq des six cabinets qu’il a présidés. Le Parlement a été également dissous trois fois.
"Un Premier ministre qui a formé six cabinets sans avoir réalisé quoique ce soit doit partir... Nous voulons un nouveau gouvernement, un nouveau Premier ministre et une nouvelle stratégie", a dit un jeune manifestant Hamad al-Alyan. Son collègue a soutenu que "la corruption s’est aggravée sous le gouvernement de cheikh Nasser".
S’adressant au rassemblement, un vétéran de la vie politique dans l’émirat, Ahmad al-Khatib, a affirmé que le Koweït connaissait la pire période de son histoire et mis en garde la famille régnante contre toute tentative de "jouer avec l’avenir" de la nation.
"Nous ne permettrons pas à la famille régnante de jouer avec l’avenir du Koweït pour satisfaire ses ambitions personnelles ... Elle nuit au Koweït", a accusé M. Khatib, l’un des artisans de la Constitution du pays.
Encouragés par les appels à la démocratisation qui secouent le monde arabe de la Tunisie au Yémen, des groupes d’opposition au Koweït ont décidé d’exiger de nouvelles réformes dans cet Etat du Golfe qui a obtenu son indépendance des Britanniques en 1961.
Les tensions au sein de la dynastie des Al-Sabah sont rendues responsables par des critiques du régime de l’actuelle paralysie politique.
L’opposition appelle également à la légalisation des partis politiques, l’instauration du pluralisme politique et du principe d’un gouvernement élu.