Les responsables israéliens maintenaient mardi matin leur mutisme au lendemain d’une attaque aérienne contre une cible du Hezbollah à la frontière libano-syrienne, mais les médias israéliens laissaient entendre qu’il s’est agi d’une opération d’Israël.
Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a refusé de faire le moindre commentaire. Un mutisme déjà observé ces derniers mois lors de frappes en Syrie attribuées à l’État hébreu. Mais les médias israéliens rapportent des propos tenus lundi par le chef d’état-major de Tsahal (l’armée israélienne, ndlr), le général Benny Gantz, mettant en garde contre des transferts d’armes de Syrie au Liban à destination du Hezbollah, le puissant mouvement chiite libanais qui se bat au côté des forces du régime de Bachar el-Assad contre les insurgés.
"Nous suivons de près le transfert d’armes de toutes sortes sur tous les fronts. C’est quelque chose de très mauvais et de très sensible. De temps à autre, en cas de nécessité, quelque chose peut survenir", a averti le général Gantz, allusion voilée à de possibles interventions israéliennes. Le chef d’état-major israélien a directement accusé l’Iran, allié du président syrien et du Hezbollah, d’être impliqué dans ces transferts d’armes. "Il n’y a pas un seul front où les Iraniens ne sont pas impliqués et ne distribuent pas des torches à des pyromanes sous forme d’armes, de missiles ou de combattants", a accusé le général Gantz.
Les dirigeants israéliens, au premier rang desquels le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont prévenu à maintes reprises qu’Israël ne permettrait pas que la Syrie fournisse des armements sophistiqués au Hezbollah.
Selon un commentateur de la radio militaire, Israël entend éviter que sa supériorité dans l’espace aérien et maritime libanais soit remise en cause par le Hezbollah. En 2006, le Hezbollah avait réussi à envoyer des milliers de roquettes en territoire israélien lors d’une guerre brève mais meurtrière en 2006, Israël ayant violemment bombardé le Liban-sud et la banlieue sud de Beyrouth.
Toutefois, le général de réserve Eyal Ben Reuven, un ancien chef de la région militaire à la frontière libanaise a estimé à la radio qu’il n’y avait "pas lieu de paniquer. Les chances que le Hezbollah engage des hostilités sont faibles, il a déjà suffisamment de problèmes en Syrie".
Du coté libanais
Lundi soir, une source de sécurité libanaise et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) ont rapporté que deux raids israéliens avaient frappé une cible du Hezbollah à la frontière libano-syrienne. Ni la localisation précise de l’objectif ni sa nature n’ont été précisées. La source de sécurité n’a pas pu préciser si la cible se trouvait à l’intérieur du territoire syrien ou libanais ni quelle était sa nature. L’OSDH a indiqué de son côté que la cible était une "base de missiles" appartenant au Hezbollah.
La télévision du Hezbollah, Al Manar, a, pour sa part, affirmé qu’"aucun raid israélien n’a eu lieu sur le territoire libanais", rapportant uniquement un "intense survol de l’aviation de l’ennemi sur la région nord de la Békaa", dans l’est du Liban.
Des habitants de la localité libanaise de Nabi Chit, proche de la frontière, ont affirmé à l’AFP avoir vu des bombes éclairantes dans le ciel avant les raids, qui ont fait trembler leurs maisons. Des habitants dans d’autres localités voisines ont également entendu un survol à très basse altitude avant les raids.
La localité de Nabi Chit, un bastion du Hezbollah, se situe dans une région où le parti chiite dispose d’une base supposée d’armes et d’entraînement.
En mai dernier, Israël avait visé à deux reprises des armes destinées selon l’État hébreu à la puissante formation libanaise alliée de Damas près de la capitale syrienne. Et le 1er novembre dernier, Israël avait frappé, selon des médias, une base aérienne syrienne où se trouvaient des missiles destinés au Hezbollah. Un responsable américain avait alors confirmé à l’AFP une "frappe israélienne" en Syrie sans donner de détails sur la cible.
En avril dernier, le Hezbollah avait reconnu publiquement la participation de ses combattants à la guerre que livre depuis près de trois ans le régime de Damas aux rebelles, provoquant l’ire de ces derniers qui accusent le parti d’"occupant".
Au cours des dernières semaines, le Hezbollah a concentré ses efforts sur Yabroud, place forte des rebelles dans la région montagneuse de Qalamoun, frontalière du Liban. Pour le Hezbollah, cette bataille est cruciale car selon lui, c’est de Yabroud que proviennent les voitures piégées utilisées dans les attentats meurtriers qui ont secoué ses bastions au Liban ces derniers mois.
Le Hezbollah et Israël ont mis leurs hommes en état d’alerte à la frontière.