Des experts médicaux des universités d’Oxford, de Cambridge et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) ont publié dans la revue médicale britannique The Lancet un rapport qui accable la troïka composée de la BCE, du FMI, et de la commission européenne concernant l’impact de la politique d’austérité sur le système de santé grec.
Les auteurs rapportent une élévation du taux de mortalité infantile, une explosion des cas d’infection au HIV chez les toxicomanes, le retour du paludisme et une augmentation en flèche des taux de suicide, selon le journal britannique The Independent.
Ils accusent le gouvernement grec et la troïka d’être dans le déni concernant l’intensité des contraintes imposées au peuple grec. Entre 2009 et 2011, le budget de la Grèce pour les hôpitaux publics a été réduit de 25%, et les dépenses pharmaceutiques du gouvernement ont été réduites de moitié, ce qui fait qu’il est devenu impossible de se procurer certains médicaments.
La hausse du chômage dans ce pays où la couverture maladie est souvent conditionnée par la détention d’un contrat de travail aurait privé environ 800 000 personnes de l’accès aux soins de santé, et dans certaines régions, des organisations humanitaires telles que Médecins du Monde ont dû se substituer au système de santé national pour fournir des soins et des médicaments aux personnes les plus vulnérables.
De même, les programmes gouvernementaux de prévention de certaines maladies ont été réduits à la portion congrue, et il en résulte un retour de maladies infectieuses rares telles que le paludisme, qui est réapparu en Grèce pour la première fois depuis 40 ans. La réduction du nombre de seringues et de condoms disponibles pour les toxicomanes a provoqué une forte hausse des cas d’infection au VIH, les faisant passer de 15 en 2009 à 484 en 2012.
Les chercheurs notent également une augmentation de 21% du nombre d’enfants mort-nés, qu’ils ont attribuée aux restrictions d’accès aux soins prénatals. En outre, la mortalité infantile a augmenté de 43% entre 2008 et 2010. Enfin, le taux de suicide est également en hausse, et alors qu’on en avait compté 400 en 2008, on a dénombré 500 cas de suicides en 2011.
« La situation grecque démontre la nécessité d’une évaluation de l’impact de toutes les mesures imposées par les gouvernements et par l’UE sur la santé », concluent les chercheurs. « l’Etat grec avait échoué à protéger ses citoyens au moment où ils en avaient le plus besoin », a déclaré Kentikelenis Alexander, un chercheur en sociologie de l’Université de Cambridge qui a participé à la rédaction du rapport.
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