Pour cette dernière banque, la seule du pays encore totalement privée, les nouveaux besoins en capitaux représentent 40 fois sa valeur boursière actuelle. L’Etat devrait donc être contraint d’en prendre le contrôle.
Après des rumeurs alarmistes, les dernières estimations parues dans la presse tablaient sur une fourchette de 18 à 25 milliards d’euros. Le chef du Fonds européen de stabilité financière Klaus Regling avait tenté de calmer les marchés en estimant que l’enveloppe du plan d’aide internationale "suffira probablement", ce qui s’est révélé être le cas.
L’Etat irlandais a déjà englouti 46,3 milliards d’euros dans le sauvetage du secteur bancaire, a indiqué la Banque centrale. La facture grimpe donc à plus de 70 milliards, l’équivalent de la moitié de la richesse annuelle du pays.
Déjà totalement nationalisée, et non incluse dans les nouveaux tests, Anglo Irish Bank a reçu à elle seule 29,3 milliards d’euros pour éviter le naufrage. Elle a annoncé jeudi avoir perdu 17,7 milliards en 2010, un gouffre aux frais des contribuables.
Les marchés attendaient aussi avec anxiété de voir si le gouvernement se dirigeait vers un "partage du fardeau" avec les investisseurs privés détenteurs d’obligations des banques concernées.
M. Noonan a laissé entendre que ce serait le cas, assurant que "le fardeau ne doit pas reposer uniquement sur le contribuable" et évoquant de "nouvelles contributions importantes provenant d’autres sources, dont les porteurs de dette subordonnée" des banques.
Les marchés, qui craignent qu’un telle mesure ne crée un précédent pour les autres pays en difficulté de la zone euro, ont immédiatement réagi : les taux des obligations irlandaises à 10 ans ont dépassé jeudi après-midi les 10% pour la première fois depuis la création de la zone euro.
Dublin négocie actuellement avec Bruxelles un assouplissement des conditions du plan de sauvetage de l’île et réclame un nouveau coup de pouce de la Banque centrale européenne (BCE), qui aide depuis des mois les banques irlandaises à boucler leurs fins de mois.
Le gouvernement irlandais souhaiterait que cette aide d’urgence soit transformée en financement à moyen terme, ce qui donnerait un ballon d’oxygène aux banques.