Un Airbus A-340 de l’armée de l’Air a livré, le 10 août, 18 tonnes de fret humanitaire destiné aux populations ayant trouvé refuge au Kurdistan irakien après avoir fui devant la progression des jihadistes de l’État islamique (EI) dans le nord de l’Irak.
Le déchargement de cette cargaison (médicaments, tentes, pompes à eau, etc…) s’est fait sous les yeux de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, alors en déplacement à Erbil après être passé par Bagdad.
La semaine passée, le président Hollande avait « confirmé la disponibilité de la France à apporter un soutien aux forces engagées dans [le] combat » contre l’EI, sans donner plus de précision quant à la nature de cet appui. Mais Laurent Fabius a indiqué qu’il n’est pas question pour la France d’ « intervenir militairement », comme le font les États-Unis, lesquels effectuent des frappes aériennes sur les positions tenues par les jihadistes depuis le 8 août.
Ces dernières ont permis aux combattants kurdes de reprendre l’initiative sur le terrain et de reconquérir deux villes (Makhmour et Gwer), alors tombée aux mains des jihadistes il y a quelques jours. « Le soutien aérien américain a aidé », a déclaré Halgord Hekmat, un porte-parole des Peshmergas.
« C’est aux Irakiens de mener ce combat », a ainsi estimé M. Fabis. « Notre soutien est actuellement humanitaire, une intervention de type militaire n’est pas prévue par la France », a-t-il en effet ajouté. Et pour cause : les forces françaises sont déjà engagées en Centrafrique et dans la bande sahélo-saharienne et le porte-avions Charles de Gaulle n’est pas déployé dans le golfe arabo-persique. Au plus peut-on envisager une participation des 6 Rafale de l’escadron 3/30 Lorraine, établi sur la base aérienne 104 d’Al-Dafra, aux Émirats arabes unis.
Quoi qu’il en soit, s’il n’est pas question, pour le moment, d’intervention française, en revanche, M. Fabius a évoqué une possible livraison d’armes aux combattants kurdes et aux forces irakiennes, lesquelles, selon lui, mènent « un combat pour les libertés qui nous concerne tous ».
« Il faudra, d’une manière ou d’une autre, que les Irakiens ou les Kurdes puissent être livrés, d’une façon sûre, en matériels qui leur permettent de se défendre et de contre-attaquer. On va voir ça dans les jours qui viennent mais en liaison avec les Européens », a expliqué le chef de la diplomatie française, sur France 2.
Par ailleurs, et histoire de compliquer la situation, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, sur la sellette en ce moment, a porté plainte contre le président Fouad Masoum (un Kurde) au motif qu’il aurait violé la Constitution du pays à deux reprises, notamment en n’ayant pas encore désigné une personnalité chargée de former un nouveau gouvernement.
« Nous réaffirmons notre soutien à un processus de sélection d’un Premier ministre qui puisse représenter les aspirations du peuple irakien en créant un consensus national et en gouvernant de manière ouverte », a fait valoir Mary Harf, une porte-parole du département d’État, à Washington. « Nous rejetons tout effort visant à aboutir à des résultats à travers la coercition ou la manipulation du processus constitutionnel ou judiciaire » a-t-elle ajouté.