Les fonds marins de la Méditerranée orientale sont riches en gaz naturel. Selon les études géologiques menées dans cette région, il y en aurait au moins 3 500 milliards de mètres-cube. Pour exploiter et protéger ces gisements, Chypre et Israël ont noué des accords de coopération, notamment dans le domaine militaire.
Il faut dire que les réserves situées dans la zone économique exclusive chypriote sont convoitées. Par l’Égypte, qui en revendique une partie. Et par la Turquie, qui ne reconnaît que la République turque de Chypre-Nord. Par conséquent, les autorités turques ne peuvent tolérer une exploitation de ces ressources dans des eaux qu’elles considèrent comme étant les leurs.
En fait, les autorités turques voudraient que les royalties liées à l’exploitation gazière – un premier gisement de 100 et 170 milliards de m3 de gaz à été découvert en 2011 – profitent également aux Chypriotes-turcs.
Cette situation est donc source de tensions. En février dernier, un navire de prospection norvégien, qui naviguait dans les eaux territoriales chypriotes pour le compte de Total, avait été intimidé par la frégate turque Giresun. « La Turquie tente de créer une crise dans la région par des menaces et des actes de provocation », avait alors commenté Fotis Fotiou, alors ministre chypriote de la Défense.
Au début de ce mois, Nicosie a suspendu sa participation aux négociations laborieuses visant à la réunification de l’île après l’annonce par Ankara de l’envoi d’un navire sismique dans sa ZEE, plus précisément non loin d’un secteur où le consortium ENI-Kogas a été mandaté par le gouvernement chypriote pour explorer d’éventuels gisements de gaz.
L’on pouvait penser à un coup de bluff de la part d’Ankara. Finalement, il n’en a rien été puisque Chypre a dénoncé, ce 20 octobre, la présence de bateaux turcs – le navire sismique Barbados et une frégate – dans sa ZEE et accusé la Turquie de se livrer à des « manoeuvres provocantes et illégales, en violation de sa souveraineté ».
« Les autorités chypriotes surveillent étroitement les navires turcs et examinent leurs options pour défendre leurs droits et leur souveraineté », a affirmé Christoforos Fokaides, l’actuel ministre de la Défense. Une première réunion d’urgence avec les responsables des principaux partis politiques a été dirigée par le président chypriote, Nicos Anastasiades, afin de « discuter de la réponse à apporter aux agissements turcs ». Une seconde doit avoir lieu le 21 octobre, afin « d’adopter des mesures spécifiques ».
Selon le porte-parole du gouvernement chypriote, Nikos Christodoulides, les navires turcs croisent dans le bloc 3 de la ZEE, au sud-est de l’île. Interrogé sur un possible risque d’escalade, la même source a déclaré que c’est « toujours une possibilité ».
Seulement, les capacités militaires et navale de Chypre sont très limitées, avec seulement quelques patrouilleurs rapides et des batteries de défense côtière. Le pays envisage cependant de se doter de navires plus imposants. Il est ainsi question d’un achat de 2 corvette Gowind conçue par le groupe français DCNS.