La police hongkongaise s’est retrouvée sous le feu des critiques mercredi après la publication d’une vidéo montrant des officiers en train de rouer de coups un manifestant, lors d’une nuit de heurts qui figurent parmi les plus violents depuis le début de la campagne pro-démocratie.
Le ministre de la Sécurité de l’ancienne colonie britannique, Lai Tung-kwok, a annoncé que les policiers en cause avaient été suspendus de leurs fonctions après cet incident, survenu au moment où les forces de l’ordre démantelaient de nouvelles barricades. Il a aussi annoncé l’ouverture d’une « enquête impartiale ».
Depuis deux jours, des policiers armés de masses, de scies circulaires et de cisailles tentent de regagner du terrain sur les manifestants qui occupent trois sites à Hong Kong pour exiger de Pékin davantage de libertés démocratiques.
Les tensions sont remontées d’un cran, mais Pékin a estimé qu’une intervention de l’armée chinoise, souvent évoquée par la rumeur dans les rangs des manifestants, n’était pas nécessaire dans l’immédiat.
« Pour l’instant, il n’y en a pas besoin », a déclaré un responsable chinois à la presse de Hong Kong sous couvert d’anonymat. « Nous espérons qu’un tel scenario ne se produira pas, la situation est en train de revenir à la normale petit à petit. »
Les images diffusées par la télévision locale TVB montrent six policiers en civil en train de traîner un manifestant menotté dans un parc proche du siège du pouvoir, dans le quartier d’Admiralty, l’un des sites occupés.
L’homme est contraint à s’allonger par terre puis frappé à coups de poings et de pieds par des policiers. L’agression dure quatre minutes, selon la télévision.
Perte de confiance
Le leader étudiant Joshua Wong a déclaré que les manifestants, déjà échaudés après avoir été arrosés de gaz lacrymogène le 28 septembre, avaient perdu toute confiance dans la police.
« Ce que la police aurait dû faire c’est escorter le manifestant jusqu’à la voiture de police, pas l’emmener au loin, le frapper à coups de poings et de pieds pendant quatre minutes », a-t-il lancé.
Amnesty International a également condamné l’attaque. « Cela retourne l’estomac de penser qu’il y a des policiers à Hong Kong qui se croient au dessus des lois », a dit Mabel Au, directrice de l’organisation dans l’ancienne colonie britannique. « Les personnes impliquées doivent être poursuivies en justice. »
Des affrontements violents ont opposé aux premières heures mercredi les manifestants aux policiers qui s’étaient mis à démanteler une nouvelle barricade érigée par les protestataires dans un tunnel routier proche des bâtiments officiels.
Les policiers, portant des casques et boucliers antiémeute, ont repoussé à coups de poing et de matraque les protestataires qui avaient déployé pour se protéger des parapluies, devenus leur emblème. Les policiers, qui ont également fait usage de gaz au poivre, ont repris le contrôle du tunnel au bout d’une heure.
Quarante-cinq personnes ont été arrêtées, selon la police.
Celle-ci avait averti les manifestants « qu’avancer en direction d’un cordon de police, même avec les bras levés, ne constitue pas un geste pacifique » et leur avait demandé « de rester calmes », s’est-elle justifiée. Ben Ng, un étudiant de 18 ans qui était présent, a toutefois témoigné qu’ils avaient « utilisé du spray au poivre sans raison ni avertissement. Des manifestants ont été frappés par des policiers ».