L’office anti-corruption, créé à la suite de l’affaire Cahuzac, vient d’hériter d’un nouveau dossier sensible. Le P-DG d’EDF, Henri Proglio, est visé par une enquête pour "trafic d’influence". Il est soupçonné d’avoir "sponsorisé" son épouse, l’humoriste Rachida Khalil, avec l’argent de son groupe.
L’été dernier, plusieurs banques avaient signalé à Tracfin, le service spécialisé dans la lutte contre le blanchiment, d’étranges mouvements sur les comptes de Mme Proglio. Après quasiment un an d’enquête, la cellule de renseignement de Bercy a saisi le parquet de Paris, lequel aurait, d’après nos informations, ouvert une enquête préliminaire il y a quelques semaines. L’Office central de lutte contre la corruption cherche désormais à éclaircir des flux financiers qui mènent jusqu’au Liban, avec des détours par le Luxembourg et la Suisse.
Un étonnant circuit d’argent
Officiellement, Rachida Khalil touche un salaire de 1 800 euros versé par l’une des sociétés de spectacle qu’elle a créées. Mais, d’après les comptes qu’elle possède dans trois établissements bancaires parisiens, les finances de la comédienne sont plus prospères. En un an, la jeune femme a perçu près de 1,8 million d’euros, dont environ 100 000 euros en liquide.
Certaines de ces rentrées d’argent laissent les enquêteurs perplexes, tel ce chèque de 20 000 euros signé d’Atlantis Consulting, un prestataire d’EDF. Cette PME, qui, la même année, a également effectué un autre versement de 5 000 euros à l’humoriste, se présente comme un acteur du secteur pétrolier et gazier mais intervient en réalité dans le domaine de l’intelligence économique.
L’un de ses cofondateurs se trouve être un spécialiste du renseignement ayant précédemment exercé au sein d’une officine impliquée dans l’affaire d’espionnage des salariés d’Ikea.