Mais la longueur des tractations a mis à bout la patience des créanciers.
Les discussions sont "déjà au-delà des délais", a d’ailleurs averti lundi Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
"On avait espéré que les décisions nécessaires auraient été prises au plus tard ce week-end, et qu’il aurait pu y avoir une réunion de l’Eurogroupe", le forum des ministres des Finances de l’Union monétaire, pour les entériner, a-t-il déclaré.
"Toutes les parties sont engagées à faire le maximum, mais il y a des délais qu’on ne peut tout simplement pas ignorer", a-t-il insisté. "Nous espérons qu’il y aura les engagements nécessaires pour avancer", de la part du gouvernement grec, a ajouté le porte-parole, assurant que "tout le monde est prêt à se réunir dès que les éléments seront sur la table".
Réunis à Paris, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont également accru leur pression.
"Les Grecs ont pris des engagements, ils doivent les respecter scrupuleusement, il n’y a pas le choix, le temps presse, c’est une affaire de jours, maintenant il faut conclure" a déclaré M. Sarkozy.
M. Sarkozy et Mme Merkel ont également souhaité que l’argent versé par les créanciers à la Grèce (sous forme de tranche) soit bloqué sur un compte "pour être sûr que cet argent sera durablement disponible" pour assurer les paiements du service de la dette du pays.
Athènes a un besoin vital d’une nouvelle aide pour éviter le défaut de paiement dès le 20 mars, à l’échéance de créances de 14,5 milliards d’euros.
Un projet de 15.000 licenciements
A l’issue dimanche de cinq heures de discussions avec les trois dirigeants, M. Papademos a fait part d’une entente sur l’étendue des économies à réaliser (environ 3,3 milliards d’euros), sur la mise en place de réformes visant à abaisser les coûts de production et sur un schéma de recapitalisation des banques.
Selon les médias, les dernières tractations doivent porter sur le montant des coupes prévues dans les retraites complémentaires, sur la réduction réclamée par l’UE et le FMI du salaire minimum ainsi que sur un projet de 15.000 licenciements rapides dans la fonction publique.
Les deux leaders de droite avaient à leur sortie de la réunion haussé le ton contre la rigueur prônée, mais M. Karatzaféris a ensuite fait part d’évolutions "satisfaisantes".
Le parti socialiste, qui dirigeait le pays jusqu’à l’éviction en novembre de M. Papandréou, ex-Premier ministre élu, est prêt "à faire preuve du même sens des responsabilités" qu’auparavant, a pour sa part déclaré son porte-parole, Panis Béglitis. Mais il ne donnera son feu vert "que s’il y à un accord de tous sur tout", a-il prévenu.
Le ministère des Finances a de son côté exclu l’hypothèse d’une suppression de deux des 14 mois de salaire dans le secteur privé, honnie par M. Samaras.
Grève générale
La plupart des quotidiens pariaient lundi matin sur un accord final du trio politique grec, qui autoriserait M. Papademos à mener à son terme parallèlement l’accord final sur la restructuration de la dette avec les créanciers privés.
Les deux grandes centrales syndicales, GSEE pour le privé et Adedy pour le public, ont également anticipé un accord en appelant à une grève générale de 24H mardi, qui doit notamment perturber écoles, liaisons avec les îles, transports publics et administration. Une manifestation est prévue dans le centre d’Athènes à la mi-journée.
Les nouvelles mesures "sont la chronique d’une mort annoncée (...), l’objectif est de mettre à bas tout le droit du travail et de baisser les salaires de 20 à 30% en plus des coupes déjà opérées", a déclaré le président de la GSEE, Iannis Panagopoulos.
Avec l’Adedy, la GSEE avait déjà organisé six grèves générales en 2011, sans réussir à faire fléchir les bailleurs de fonds.
L’opposition de gauche, communiste et radicale, est pour sa part montée au front en annonçant des manifestations dès lundi soir.