Israël a indiqué mercredi soir accepter une prolongation sans conditions du cessez-le-feu en vigueur depuis mardi dans la bande Gaza.
"Israël ne voit aucun problème à ce que le cessez-le-feu soit prolongé sans condition", a dit un responsable à l’AFP sous couvert de l’anonymat, traduisant apparemment la volonté israélienne de dicter les termes de la négociation. Interrogé sur la durée de cette prolongation, il a précisé qu’elle pouvait être illimitée. "Il n’y a pas d’accord pour prolonger le cessez-le-feu", a cependant tranché mercredi soir Moussa Abou Marzouk, le chef adjoint du Hamas, qui participe aux pourparlers indirects avec Israël au Caire. Israël et l’organisation islamiste qui contrôle Gaza observent depuis mardi 8H00 un cessez-le-feu censé durer jusqu’à vendredi 8H00 (5H00 GMT) dans le territoire dévasté. Ils ont dépêché au Caire des délégations chargées de s’entendre sur une trêve plus durable au cours de discussions indirectes par l’entremise de l’Égypte.
Alors que les négociateurs étaient à l’oeuvre dans la capitale égyptienne et que la bande de Gaza retrouvait un semblant de relative normalité, Israël s’est vigoureusement défendu contre les critiques sur l’ampleur des moyens militaires employés au cours de la guerre et des pertes humaines causées.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé en conférence de presse que l’opération Bordure protectrice était "justifiée" et "proportionnée" à la menace, même si cela n’enlevait rien au "regret profond" ressenti devant les pertes civiles.
"Le responsable : le Hamas"
"C’est le Hamas qui est responsable de la destruction et des morts" dans le territoire, a insisté M. Netanyahu. Il a de nouveau accusé le Hamas de tirer des roquettes sur Israël à partir d’écoles ou d’hôpitaux, de se servir des civils comme "boucliers humains" et de "sacrifier" des enfants. "La tragédie de Gaza, c’est qu’elle est dirigée par le Hamas", a-t-il martelé.
Israël a fait face à une vive réprobation devant le coût humain de la guerre déclenchée le 8 juillet pour faire cesser les tirs de roquettes et détruire le réseau de tunnels permettant des infiltrations sur son sol. Bordure protectrice a tué 1 886 Palestiniens, dont 430 enfants et adolescents, selon le ministère palestinien de la Santé. Les frappes sur trois écoles de l’ONU ont soulevé l’indignation internationale. Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont péri. La guerre a aussi mis au tapis l’économie d’un territoire exigu sur lequel 1,8 million de personnes survivent au blocus imposé par Israël. Mercredi les Gazaouis avaient l’air de croire que cette fois, le cessez-le-feu pouvait tenir. Ils ont rouvert leurs marchés et leurs banques. Des dizaines de pêcheurs ont repris la mer pour la première fois depuis des semaines.
Des négociations ardues
Les secours palestiniens menaient de front les tâches de déblaiement des rues et de recherche des corps encore prisonniers des décombres à Chajaya et Khouzaa, où une dizaine de corps ont été extirpés mercredi soir . "Regardez ma maison, elle est pulvérisée", se lamentait Moussa Abou al-Rous, "comment mes enfants vont-ils pouvoir vivre ici ? J’espère que la trêve va tenir et que nous aurons la paix, mais je ne leur fais pas confiance".
Pour cela, la parole est aux négociateurs envoyés au Caire. L’Égypte voisine est l’habituel médiateur de ces conflits. Les discussions s’annoncent ardues, avec des exigences à première vue inconciliables et une multiplicité d’acteurs aux intérêts divergents. Côté palestinien on exige en premier lieu la levée du blocus de Gaza. Israël insiste pour sa part sur son impératif de sécurité. Les Égyptiens ont rencontré mardi soir les Israéliens dont ils ont relayé les revendications aux Palestiniens mercredi.
Pas de paix globale en vue
Les responsables israéliens se sont montrés discrets mercredi après les déclarations de la plus grande fermeté au cours des derniers jours. Côté palestinien, l’intransigeance restait de mise, en tout cas publiquement. "Notre délégation au Caire (...) ne cèdera sur aucune de nos exigences", a dit Ismaïl Haniyeh, ex-Premier ministre du Hamas à Gaza et numéro deux du bureau politique du Hamas. "Ce que l’occupant n’a pas pu obtenir sur le champ de bataille, il ne pourra pas non plus l’obtenir sur la scène politique", a-t-il affirmé.
Les États-Unis ont indiqué qu’ils participeraient probablement aux discussions du Caire. Chacun a conscience que, même si la trêve qui expire vendredi matin est prolongée, rien ne prémunit contre un nouveau déchaînement dans quelques mois. Le secrétaire d’État John Kerry et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon ont appelé les belligérants à profiter du cessez-le-feu et des discussions du Caire pour relancer l’effort plus global de paix israélo-palestinienne.
"Faut-il continuer comme ça : construire, détruire puis reconstruire encore ?", s’est interrogé le secrétaire général devant l’Assemblée générale des Nations unies ajoutant "nous allons reconstruire (Gaza) mais ce doit être la dernière fois". Les Israéliens ont cependant clairement signifié que la campagne de Gaza n’avait rien à voir pour eux avec le processus de paix.