Que signifie « utiliser des boucliers humains » ? Employée par les Allemands et les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale [1], la tactique est fondée sur une confiance sous-jacente dans l’humanité de votre ennemi.
Elle demande de la compassion et de la miséricorde aux combattants afin qu’ils ne massacrent pas les innocents pour venger leur cible. Les « boucliers » ne sont pas les corps humains entourant la partie « coupable », le bouclier est la clémence que l’humanité offre instinctivement aux innocents. Le bouclier ne s’évapore que lorsqu’il est confronté à un ennemi qui n’est pas seulement un soldat enfermé dans une lutte de pouvoir, mais un psychopathe indifférent à la douleur des autres. Tel est le cas avec le Hamas : il est confronté à un ennemi qui est prêt à anéantir les femmes enceintes, les bébés, les enfants, les personnes handicapées, les écoles et les hôpitaux bondés afin de briser sa cible. Les Israéliens ont démontré à plusieurs reprises leur mépris pathologique pour toute vie qui n’est pas une vie juive, et c’est pour cette seule raison que le Hamas est tout à fait incapable d’utiliser des « boucliers humains ».
Toutefois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les médias israéliens et les sionistes ne peuvent s’empêcher de recycler indéfiniment leurs tropes selon lesquels le Hamas utilise des civils pour garder ses roquettes. Ils sont clairement déconcertés par le fait que cette affirmation ne calme en rien l’effet boule de neige de l’indignation internationale sur les massacres qu’ils commettent. Leur argument tente de planter dans nos esprits l’idée que le Hamas invite activement l’armée israélienne à abattre et mutiler des innocents et, ce faisant, prouver que sa sauvagerie mérite d’être anéantie. Paradoxalement donc, selon la logique tordue des sionistes, plus il y a de Palestiniens innocents qui meurent, pire sont les Palestiniens. En tant que collectif, ils sont coupables d’être innocents.
Mais ce stratagème de propagande ne fonctionne pas. Non seulement il ne fonctionne pas, mais il se retourne complètement contre eux. Chaque fois que des apologistes sionistes répètent leurs accusations de « boucliers humains », ils font simplement la promotion de leur propre manque d’humanité. Ils nous disent : « Le Hamas pense que nous avons de l’empathie pour les autres êtres humains, mais si vous regardez les chiffres des pertes, vous verrez combien ils se trompent. »
Les autres questions en jeu ici sont les droits des Palestiniens à se défendre et la pratique de la guerre dans un camp de réfugiés. Israël adore dire au monde qu’il a le droit de se défendre. Il jouit d’un arsenal nucléaire, d’armes de pointe étasuniennes et de son « dôme de fer ». Pourtant, même si Israël se vante constamment de ses propres pouvoirs égalitaires, Israël refuse d’accorder au peuple palestinien ce même droit intrinsèque de défense qu’il exige pour lui-même. Les Palestiniens ne sont pas autorisés à se protéger. Ils ne sont pas autorisés à se battre. Au lieu de cela, nous sommes invités à imaginer qu’il est en quelque sorte acceptable pour les Palestiniens de ne pas avoir d’armes, d’armée, de soldats, ni même de droits. Nous sommes amenés à croire que le seul moyen pour les Palestiniens de prouver leur intégrité, est de se coucher comme des agneaux et de vivre tranquillement leur vie misérable, indicible, dans des conditions sordides, la pauvreté et le désespoir qu’Israël a conçus pour eux. En bref, Israël souhaite que les Palestiniens soient suicidaires mais, malencontreusement, ils continuent de prouver qu’ils ne le sont pas.
Évidemment demander à un peuple d’accepter passivement son propre nettoyage ethnique n’est pas crédible. On pourrait espérer que les Juifs, plus que quiconque, puissent être capable de saisir une telle vérité fondamentale – malheureusement non. Étant donné que les habitants de Gaza, comme tous les autres êtres humains, ont le droit de se défendre, où exactement doivent-ils stocker leurs armes ? Dans les collines et les vallées de Haraat al-Daraj ? Au milieu des hectares remplis de faune de Shuja’iyya ? Gaza est la maison d’environ 1,8 millions de personnes, longue de 40 km et large de 8 à 11 km, fermée à la fois par un blocus égyptien et israélien. C’est la prison en plein air la plus peuplée du monde. Le seul endroit où l’on peut stocker des armes est forcément a proximité des personnes forcées de vivre côte à côte. Israël a maintenant ordonné l’évacuation d’environ 43 % du territoire. Mais pour aller où ? La demande insistante et kafkaïenne que les gens s’en aillent, sachant qu’il n’y a nulle part où aller, est clairement faite pour enjoliver les Relations publiques israéliennes, pas pour sauver des vies. Et cela ne trompe personne.
Il existe actuellement des centaines de milliers de réfugiés. Les écoles qui ont ouvert pour recevoir ceux qui fuient sont déjà débordées et les Palestiniens qui ont enduré les bombardements d’écoles pendant l’opération Plomb durci savent que même un soi-disant « refuge » ne peut pas garantir la sécurité. Soyons clairs : les seules personnes qui mettent les Palestiniens en danger sont les Israéliens. Les seules personnes qui tuent des innocents sont les Israéliens. Le Hamas n’est peut-être pas le parti que les bobos de l’Occident voudraient voir gouverner, mais ses représentants sont démocratiquement élus et ils ont autant le droit qu’Israël, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis de lutter contre un oppresseur qui veut littéralement les rayer de la carte. Ils sont confrontés à une tâche difficile, mais il y a une chose qu’ils ne peuvent pas faire : utiliser des boucliers humains contre un ennemi qui ne les reconnaît pas comme des humains.
Sarah Gillespie
Sarah Gillespie est une chanteuse/compositrice vivant à Londres.