Il était absurde d’interdire la manifestation pro-palestinienne du 19 juillet à Paris.
Il ne s’agit pas d’une critique facile parce que rétrospective. En France, celles qui se sont déroulées le même jour n’ont donné lieu à aucun incident notable, et force est de considérer que le diktat parisien incompréhensible et évidemment incompris n’a pas été pour rien dans les débordements et les violences, « la guérilla à Barbès et à Sarcelles », l’agrégation – à une multitude soucieuse d’en découdre seulement politiquement, hostile aux réactions d’Israël, furieuse, voire haineuse mais cependant pacifique – de voyous et de casseurs séduits par cette délinquance toujours à portée de violence dans les marges.
[...] Dans cette interdiction du 19 juillet, comment ne pas percevoir aussi une fâcheuse tendance de ce gouvernement qui, plus assez solide, plus assez assuré pour permettre des événements sans craindre d’être dépassé par eux, privilégie leur suppression, croyant ainsi se débarrasser plus aisément du problème alors qu’au contraire il va l’amplifier ? Il y a, dans cette immense maladresse qui avait le tort également d’accréditer le soupçon d’un deux poids deux mesures, une sorte de syndrome Dieudonné puissance 13 ! Il est clair que la faiblesse éprouve le besoin d’interdire quand la confiance maîtrise les aléas de ce qu’elle a dû autoriser.
L’excellent ministre Bernard Cazeneuve, dans ses justifications de l’interdiction, a d’ailleurs emprunté ce chemin puisqu’il a invoqué qu’il y aurait eu « des cris de haine » au cours de cette manifestation et que la République ne saurait les tolérer. Et donc qu’il convenait de prendre les devants avec fermeté. Préventivement.