Plusieurs syndicats crient à la censure, après la non-diffusion de nouveaux détails sur la garde à vue de l’ancien chef d’État début juillet.
Le 1er juillet, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour « corruption active, trafic d’influence actif et recel de violation du secret professionnel », à l’issue d’une garde à vue de neuf heures. Les juges d’instruction lui reprochent d’avoir tenté de corrompre un haut magistrat de la Cour de cassation, Me Gilbert Azibert, en lui promettant un poste à Monaco en échange d’informations sur le cours des affaires le concernant.
Que s’est-il dit pendant ces neuf heures d’audition ?
Alors que la Cour d’appel de Paris a suspendu ce mercredi 24 septembre l’enquête des juges d’instruction, le temps d’examiner un recours en nullité déposé par Nicolas Sarkozy et son avocat ; trois journalistes de France Inter, Libération et France 3 ont eu accès il y a quelques jours à l’intégralité des procès verbaux et au compte-rendu de synthèse de la garde à vue. Ils se sont entendus pour dévoiler ces informations détaillées en même temps. France Inter et Libération l’ont fait le lundi 22 septembre. À France 3, un sujet avait été préparé par le journaliste Joseph Tual pour le 19/20 du même jour. Sauf qu’il n’a jamais été diffusé. Les spectateurs de la chaîne des régions ont eu droit en revanche à un reportage sur le nouveau QG de campagne de Nicolas Sarkozy.
Que s’est-il passé exactement ?
Les syndicats SNJ et CGT de la chaîne ont dénoncé une « censure » dans des communiqués. « La direction était au courant qu’il y avait un sujet en préparation », nous a assuré un représentant syndical du SNJ-CGT de la chaîne. « Et étrangement, poursuit-il, la décision de ne pas diffuser a été prise vingt-quatre heures après la grande interview de Nicolas Sarkozy sur France 2. »
Ce que réfute fermement France 3. « Après visionnage du sujet à 17h30, nous avons considéré qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments nouveaux pour pouvoir le diffuser, d’autant plus que nous avions déjà évoqué la veille dans le 19/20 toutes les affaires judiciaires concernant Nicolas Sarkozy », explique Philippe Panis. Le directeur de la rédaction assure n’avoir reçu aucune pression de sa hiérarchie pour retirer le sujet. Selon lui, le reportage sur le QG de campagne de l’ancien président de la République était prévu depuis le matin même et aurait de toute façon été diffusé dans l’édition du 19/20.
Philippe Panis admet toutefois un regret : « C’est qu’il n’y ait pas eu de synergie entre la rédaction de France 3 et le site d’information francetvinfo.fr pour pouvoir publier des extraits en longueur des PV d’audition. »
Preuve, tout de même, que ces documents n’étaient pas totalement sans intérêt…