Le mouvement royaliste se déchire depuis la fin de l’année dernière et la mise au ban d’une de ses figures, l’avocat Élie Hatem, qui revendique l’usage exclusif de la « marque ».
[...]
À l’origine du clash, la mise au ban d’Élie Hatem par certains cadres du CRAF, l’entité historique. Avocat franco-libanais issu de l’aristocratie maronite, Hatem, 49 ans, est un orateur régulier du mouvement royaliste dans les médias d’extrême droite ou lors de réunions publiques. Il est aussi le rédacteur des statuts juridiques du CRAF, association loi 1901 depuis 1998, mais sans en être membre.
Élie Hatem est aussi proche de personnes ouvertement racistes. Ainsi, il était prévu au programme d’une conférence réunissant le 19 janvier à Paris les pires figures de l’antisémitisme, telles que Hervé Ryssen, auteur « antijuifs », Jérôme Bourbon, directeur de l’hebdo négationniste Rivarol, Yvan Benedetti, animateur du groupuscule pétainiste Jeune Nation, ainsi que le multi-condamné pour incitation à la haine raciale Alain Soral.
[...]
C’est là que le CRAF a tiqué, entérinant la rupture : « On ne souhaite pas que des gens comme ça salissent ce que représente l’Action française », dit à Libération François Bel-Ker, le secrétaire général. Résultat, voilà Élie Hatem qui fait bande à part avec son association Amitié et Action française.
Mais dans ce bras de fer entre royalistes, l’avocat peut compter sur le soutien de Marie-Gabrielle Pujo, 88 ans, fille de Maurice Pujo, cofondateur du mouvement en 1898 avec Charles Maurras, et toujours détentrice de la marque « l’Action française » à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi). « Elle nous en a gentiment cédé l’usage, nous sommes les seuls à pouvoir nous en revendiquer, fait valoir Hatem. Nous n’admettrons jamais que le CRAF se prévale d’un lien avec l’Action française. » Parmi ses autres soutiens, Michel Fromentoux, rédacteur historique du journal de l’Action française, le bimensuel l’Action française 2000, l’auteur pétainiste Gérard Bedel, ou encore André Charles, qui fait office de président du mouvement.
Hatem a aussi embarqué Cyriaque de Vulpillières. L’homme âgé d’une vingtaine d’années avait fait parler de lui en avril 2018 en entartant le député LFI Eric Coquerel. Depuis, la petite équipe s’est illustrée en défendant sur Twitter le négationniste Robert Faurisson ou en organisant une journée en hommage à Maurras.
[...]
« La dénonciation du racisme et de l’antisémitisme fait partie des positions de l’Action française », tente François Bel-Ker, son secrétaire général.
[...]
Des accusations en extrémisme que leur renvoie Hatem – « eux, ils sont devenus soraliens ! » – qui rappelle que Bel-Ker et le CRAF ont invité Soral à leur université d’été en 2013 et que l’un de ses dirigeants actuels a tenu conférence en 2015 pour Égalité & Réconciliation.