Mardi, le président de la République a fait un discours au parlement européen où il a exposé sa vision de la construction européenne. Avec un culot et une mauvaise foi tout sarkozyste, celui qui a soutenu tous les traités européens depuis trente ans s’est permis de critiquer ce qu’il a contribué à construire.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
François Hollande n’a pas peur du ridicule. Lui qui a soutenu le traité de Maastricht, celui d’Amsterdam, celui de Nice, le traité constitutionnel européen, le traité de Lisbonne et enfin, la camisole budgétaire, le TSCG, ose critiquer la direction prise par l’Europe ! Comme le rapporte le Figaro, il dit ne pas vouloir « condamner l’Europe à une politique d’austérité sans fin ». Mais alors, pourquoi Pierre Moscovici ne démord de l’objectif de 3% de PIB de déficit pour 2013 quand même le FMI ou François Baroin admettent qu’il vaudrait sans doute mieux viser un peu plus cette année ?
Pourquoi surtout a-t-il signé le TSCG, ce traité qui impose justement des politiques austéritaires à l’ensemble de l’Europe ? S’il pensait vraiment ce qu’il a dit, il aurait refusé de le signer, conformément à son discours de campagne, et aurait entamé un bras de fer avec Angela Merkel. Tout aussi ridicule sa critique de l’euro cher : « on ne peut pas laisser notre monnaie fluctuer selon les humeurs des marchés ». En effet, la gestion de la monnaie européenne suit tous les traités que le président de la République a ratifiés. S’il n’en était pas satisfait, il pouvait toujours s’opposer au traité de Lisbonne.
Devant une audience assez euro-béate, il a plaidé pour une plus grande intégration : « un gouvernement de la zone euro ». Il a également évoqué les euro obligations en parlant d’une « intégration solidaire », ainsi qu’un budget de la zone euro. Bref, exactement le Transfer Union que plus de 80% des Allemands refusent et que la crise de la zone euro a rendu totalement radioactive outre-Rhin. Bref, Hollande nous a raconté les mêmes sornettes que le PS raconte sur l’Europe depuis vingt ans.
Sur l’Europe, PS = UMP = impasse
Mais, finalement, ce qui frappe le plus, c’est l’extrême proximité du discours de François Hollande avec celui tenu par son prédecesseur. De manière très révélatrice, le Figaro a souligné qu’il « reprenait un cheval de bataille de Nicolas Sarkozy » sur la réforme du système monétaire et le Monde affirme que « quand il est question de l’euro, François Hollande n’hésite pas à mettre ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy (…) qui réclamait, en 2010, un nouveau Bretton Woods ».
Du coup, on sait déjà ce qu’il adviendra de ce discours : il restera à l’état de belles paroles qui ne sont que du vent destiné à remplir les journaux du lendemain, tout en restant sans lendemain. De même que Sarkozy n’a rien changé aux travers de l’Europe que les discours de Guaino lui ont permis de dénoncer avec éloquence, Hollande ne changera rien aux traités qu’il a soutenus et ratifiés et dont on se demande par quel miracle il pourrait obtenir le moindre changement.
Bref, l’euro va continuer à être trop cher, à moins que les autres pays (Etats-Unis, Chine…) ne souhaitent le contraire. L’Union Européenne continuera à défendre des politiques d’austérité mortifères qui ont déjà envoyé des millions de citoyens au chômage par pur dogmatisme alors que la plupart des autres pays dits développés ont le pragmatisme de procéder à des politiques d’ajustement plus progressives. Enfin, l’Allemagne continuera (avec raison) à refuser de payer.
Bref, pour changer de politique européenne, il faut se débarrasser du PS et de l’UMP, car ces partis sont incapables de changer l’Europe et tiennent un discours d’une malhonnêteté crasse. Heureusement, hier, Nicolas Dupont-Aignan et Nigel Farage démontraient qu’il y a une autre voie.