À la veille d’un premier tour crucial qui pourrait mettre en berne son « V » de la victoire et l’éjecter de son fauteuil de maire du Raincy, depuis lequel il a confortablement et en toute impunité instauré un véritable « système Raoult », résolument au-dessus des lois et du commun des mortels, le seigneur du « Neuilly du 93 », connu pour ne pas faire dans la dentelle tout en usant et abusant du clientélisme, serait-il rattrapé par les affaires sulfureuses qui ont émaillé son règne sans partage ?
A défaut d’avoir jamais rendu des comptes à ses administrés pour la gestion opaque de son fief, Eric Raoult, l’ancien admirateur de Ben Ali, flagorneur invétéré du Sarkozysme qui s’est couvert de ridicule en plaidant pour que l’on décerne le prix Nobel de la Paix à l’ex-locataire de l’Élysée, ou encore laudateur d’Israël jusqu’à faire double allégeance devant une foule rassemblée au Trocadéro en soutien à Guilad Shalit, en lançant "Pour moi Israël, c’est plus important que les retraites !", va devoir rendre des comptes à la justice et à une ancienne collaboratrice qui l’accuse de harcèlement sexuel, chantage et menace. Rien de moins !
En effet, l’édile se retrouve sur la plus inconfortable des sellettes, de celle qui pourrait mener tout droit sur le banc des accusés, suite à la plainte déposée contre lui par Agnès Desmaret, l’ancienne directrice du Centre communal d’action sociale (CCAS) du Raincy, qui affirme avoir été inondée de 15 000 sms très insistants et particulièrement suggestifs, entre octobre 2011 et juin 2012, avant d’être menacée de renvoi si elle ne répondait pas à ses avances.
Dénonçant une « entreprise politique de déstabilisation », comme le rapporte le Figaro, Eric Raoult, du haut de son arrogance, nie tout en bloc, alors que la plaignante a conservé les milliers de messages compromettants et accablants envoyés par le premier magistrat de la cité, dont l’insouciance en dit long sur son sentiment de toute-puissance...
Si le maire du Raincy a réussi jusqu’ici à passer à travers les mailles du filet de la justice, il lui sera plus difficile de se soustraire à l’enquête préliminaire en cours, diligentée par le parquet de Bobigny, et de s’en sortir par l’une de ses habituelles pirouettes grossières ou autres gauloiseries vulgaires qui ont dévalué comme rarement auparavant l’exercice de la politique.
Sur sa route se dresse à nouveau Me Brigitte Kadri, avocate au barreau de Paris et Raincéenne, qui défend les intérêts d’Agnès Desmaret mais aussi ceux d’Orty Gym, le club de fitness pour femmes contre lequel ce dernier a sorti l’artillerie lourde pour nuire à ses gérants et saborder leur petite entreprise.
Il n’y a pas pire donneur de leçons que l’élu qui oublie qu’il doit tout au suffrage universel et qui se révèle d’une rare immoralité une fois propulsé au pouvoir. Dimanche 23 mars, Eric Raoult, éclaboussé par le scandale, sera confronté au verdict des urnes. Sonnera-t-il ou non le glas du « système Raoult », là est toute la question...
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