L’ex-président ukrainien a donné une longue interview au Monde, à Libération, à L’Équipe et à l’Agence France-Presse, un quarteron de médias mainstream.
Rapidement, après avoir béni la décision de sanctionner la majorité des athlètes russes et biélorusses aux JO de Paris, le clown devenu triste explique que les milliards de l’Occident ne remplissent pas ses brigades, qui semblent décimées. Un appel du pied à une armée de l’OTAN ?
Les Russes continuent d’avancer dans l’est de l’Ukraine. Pourquoi gagnent-ils du terrain ?
Il y a plusieurs raisons à cela. Nous avons préparé quatorze brigades, ce n’est plus un secret. Des brigades que nous voulions équiper en armes, afin de défendre notre territoire et mettre en place des rotations, donner aux soldats la possibilité de se reposer et d’être remplacés. Si, sur quatorze brigades, seules trois sont équipées, peut-on arrêter les Russes ? Nous sommes très reconnaissants pour l’aide qui a été votée [par les alliés de l’Ukraine], pour tous ces milliards. Mais comment effectuer une rotation si les brigades sont vides ?
Il en profite pour ajouter une fake news, mais en temps de guerre, c’est de bon aloi :
La deuxième raison, et c’est un fait que nous devons accepter, c’est que les Russes ont peur de reculer. S’ils reculent, ils sont tués. C’est la vérité absolue. Nous ne pourrons jamais nous permettre cela, jamais. Ce n’est pas logique de se battre pour la vie humaine sans la préserver. Les Russes, eux, ne veulent pas réfléchir à cela. Poutine y est indifférent, il ne compte pas [les morts].
Zelensky insiste sur le manque d’hommes, sans évoquer les réquisitions forcées de matériel humain dans la rue :
L’âge minimum a été abaissé. Le commandement militaire me dit que le rythme de la mobilisation s’est accru. Il manque des hommes sur le champ de bataille, car [la relève] est toujours en formation. Nous ne sommes pas des Russes. Chez eux, certains soldats n’ont eu que sept jours de formation avant d’être envoyés au front. Chez nous, les gars doivent rester en formation au moins deux mois.
Suit une inversion accusatoire complète, alors que tous les observateurs sérieux savent que ce sont les soldats ukrainiens qui sont envoyés à la mort, faute de moyens, faute de réserves, faute de matériels :
Combattre la Russie par le nombre est un défi difficile. Nous devons faire preuve d’intelligence et faire tout notre possible pour préserver la vie de nos soldats. Depuis trois ou quatre semaines, ils perdent mille hommes par jour, mille morts et blessés. Ils sont fous. Poutine a perdu la raison. Comment peut-on tuer mille de ses hommes tous les jours ? C’est pourquoi il ne faut pas chercher du côté de la quantité. En un an de guerre, il en sacrifiera 300 000. Plus de 500 000 de ses soldats sont déjà morts ou ont été blessés.
Après cette description apocalyptique du côté russe, Zelensky, qui redoute la possible victoire de Trump en novembre 2024, préfère parier sur un fléchissement du grand allié de la Russie : « Si la Chine le veut, elle pourra contraindre la Russie à arrêter cette guerre. »
C’est alors que, répondant à une question sur d’éventuelles négociations de paix, Zelensky montre un, puis deux fléchissements : au départ, il mettait comme préalable à un processus de paix le retrait de la Russie de tous les territoires qu’elle a repris, ceux au-delà de la frontière de 1991. Désormais, il accepte non seulement que les Russes viennent à la table des négociations, mais il reprend son antienne qui consiste à croire que l’Ukraine pourra reprendre le Donbass par les armes, alors que même ses alliés savent que c’est impossible. Les intervieweurs ont bien compris, le relancent, et la réponse n’est plus aussi ferme :
Réfléchissez-vous à la possibilité de céder des territoires ?
Vous devez comprendre que toute question portant sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne peut être résolue par un président, par une seule personne, ou par tous les présidents du monde, sans le peuple ukrainien. C’est impossible. Cela va à l’encontre de la Constitution de l’Ukraine. Et c’est pourquoi cette question nous concerne exclusivement, nous.
Quelqu’un a dit récemment : « Et si l’Ukraine donnait ses territoires en échange de quelque chose, des garanties de sécurité, peut-être l’OTAN, peut-être l’UE, etc. ? » Il peut y avoir nombre de ces déclarations, mais vous devez comprendre que personne n’a rien proposé à l’Ukraine officiellement. Et l’Ukraine ne renoncera jamais à ses territoires. Le pouvoir n’a pas le droit officiellement de renoncer à ses territoires. Pour cela, il faut que le peuple ukrainien le souhaite.
Je vais vous le dire en toute franchise, ce n’est pas la meilleure option, car nous avons affaire à Poutine et, pour lui, ce sera bien évidemment une victoire, s’il récupère une partie de nos territoires. Mais même plus tard, si le conflit est gelé, il peut revenir. C’est pourquoi cette question est très, très difficile.
Voilà une manière de laisser la porte entrouverte non seulement à des négociations, mais à l’abandon des régions prorusses. Contre quelles garanties ? C’est toute la question. Mais on se rapproche de la solution russe, à savoir un territoire neutre, démilitarisé, une zone tampon entre la Russie et l’OTAN, même si cette Ukraine 2.0 entre dans l’UE.
Après ces fléchissements, la dernière réponse de Zelensky montre un abattement.
Pensez-vous recevoir l’autorisation de frapper des cibles militaires avec des missiles de longue portée américains et européens ?
Nous le souhaitons de tout cœur. Nous faisons tout pour. Malheureusement, nos partenaires ont pour l’instant peur de cela. Mais ils doivent comprendre que nous vivons et que nous nous battons. Et, s’ils ne trouvent pas le moyen de nous aider, nous allons nous débrouiller pour trouver d’autres solutions pour protéger la population.
Il y a une solution : la paix. Sinon, l’escalade totale.
Caroline Galacteros rapporte que ce week-end, plusieurs drones, partis de Finlande, ont frappé la péninsule de Kola en Russie, détruisant un bombardier supersonique au sol. Cet incident, passé sous silence, marque une ligne rouge franchie par un nouveau membre de l'OTAN.… pic.twitter.com/OPzg6SsXVz
— Camille Moscow (@camille_moscow) August 1, 2024
Pendant ce temps, l’Ukraine a reçu les F-16 promis par les Américains. Toute la question est de protéger ces avions, qui doivent redonner, selon l’OTAN, la souveraineté dans le ciel aux Ukrainiens. Prévoyants, les Russes ont déjà détruit trois aérodromes qui sont susceptibles de les accueillir. La localisation des appareils est gardée secrète, et le renseignement russe, par satellite et au sol (humain), est sur le pied de guerre pour localiser et détruire ces appareils. C’est pourquoi, théoriquement, ils seront stockés hors d’Ukraine, tandis qu’un système de leurres fera perdre de nombreux missiles à la Russie (source : Midi Libre).