Le parti antilibéral espagnol Podemos, allié du Grec Syriza, s’est hissé à la troisième place dimanche lors d’élections régionales en Andalousie, très attendues et faisant figure de test moins d’un an avant des législatives où la droite au pouvoir semble menacée.
Selon des résultats partiels après dépouillement de 89,5% des bulletins de vote, le Parti socialiste garde son bastion, avec 35,8% des voix et 47 députés sur 109 au Parlement régional de cette région stratégique politiquement car la plus peuplée avec 8,4 millions d’habitants sur 46,5.
Podemos, qui croyait en une victoire, arrive troisième avec 14,8% des voix et 15 députés, derrière le Parti populaire (au pouvoir au niveau national), qui obtient 26,4% des voix et 33 députés. C’est sans doute ce parti qui perd le plus puisqu’en 2012 lors des dernières élections régionales, il avait remporté 40% des voix. "Les citoyens ont voté contre sa gestion de la crise", a analysé un routard de la politique en Espagne, Gaspar Llamazares, de Izquierda Unida (IU) coalition écolo-communiste balayée par l’émergence de Podemos.
Podemos de son côté, s’est félicité sur la chaîne privée la Sexta d’avoir fragilisé le "bipartisme", qui se partageait environ 80% des suffrages en 2012 contre 60% désormais en Andalousie. Son numéro deux Iñigo Errejon a aussi noté que l’Andalousie est différente des autres, avec une population "plus rurale" et "plus âgée" tendant à "conserver les équilibres traditionnels". Il aura cependant du mal à se poser en force principale d’opposition à la droite au pouvoir comme il l’a fait ces dernières semaines.
Ce dimanche, les Andalous étaient les premiers à dire si le parti de gauche radicale est en mesure de transformer l’essai, lors du coup d’envoi d’une année électorale décisive pour ce pays. Près de 6,5 millions d’électeurs étaient appelés à choisir entre les options classiques - le PSOE ou le Parti populaire (droite) - et les nouvelles : Podemos et Ciudadanos, de centre droit, qui émerge aussi avec 9% des suffrages et 9 sièges.
"C’est un test important pour évaluer les différentes options qui n’existaient pas jusqu’à maintenant", se réjouissait Ismael Abiles, un fonctionnaire de 57 ans venu voter à Séville dans le même bureau que la patronne des socialistes andalous, Susana Diaz. "Tout le monde attend de voir si les forces émergentes vont obtenir un très bon résultat", déclarait aussi samedi à l’AFP un membre haut placé du PP.
Un "test" avant de nombreux autres scrutins à venir en Espagne : régionales et municipales en mai, une nouvelle régionale anticipée en Catalogne en septembre et enfin des législatives, à la fin de l’année, où les conservateurs semblent plus que jamais menacés de perdre leur majorité. Dimanche soir le chef du gouvernement Mariano Rajoy a suivi les résultats depuis son bureau au septième étage du siège du PP dans le centre de Madrid et n’avait fait aucun commentaire vers 22h00 (21h00 GMT) attendant sans doute des résultats plus définitifs.
L’année du "changement"
Après six années de crise et d’enlisement, un même mot d’ordre, le "changement", avait rythmé les campagnes des principaux partis. "Le changement sûr", pour le PSOE qui sort renforcé alors que tous le disaient fragilisé par l’ascension de Podemos ; le "changement tranquille" avec le PP qui avait insisté sur la reprise de la croissance (+1,4%), mais paye la politique d’austérité ressentie très fortement dans cette région où plus du tiers de la population active (34,2%), est au chômage, un record régional européen.
Le "changement irréversible" de Podemos qui faisait campagne contre la corruption et pour des mesures sociales, accusant les socialistes au pouvoir en Andalousie d’avoir laissé souffrir les Andalous. Des dizaines de milliers d’entre eux ont effectivement repris le chemin de l’émigration ne trouvant plus de travail ni dans les services, ni dans la construction ni dans les champs, comme leurs grands-parents dans l’Espagne pauvre des années 1960.