À première vue, cette affirmation a de quoi surprendre le lecteur. En effet, depuis plusieurs mois, l’immense majorité de la presse internationale a préparé le terrain à une hypothétique victoire de l’opposition lors des élections parlementaires que connaîtra le Venezuela le 6 décembre 2015.
La crise économique qui frappe de plein fouet les pays d’Amérique latine exportateurs de matières premières est particulièrement commentée dans le cas du Venezuela par les vautours médiatiques habituels. Plus surprenant, des publications plus progressistes semblent s’être jointes aux chœurs des critiques destructrices, décrivant la vie au Venezuela comme le dernier cercle de l’enfer. Dans les conditions décrites par cette immense majorité de médias internationaux, le lecteur en conclura que seul un fou endoctriné, un sadomasochiste pervers, voire les deux, peuvent continuer à soutenir un tel processus politique. La chose semble entendue, le chavisme va perdre les élections. Or, qu’en est il vraiment ? Le mois de décembre sonnera-t-il le glas de la Révolution Bolivarienne ? Rien n´est moins sûr.
L’apprentissage de la démocratie électorale
Le 10 mai 2015, la présidente du Conseil national électoral (CNE), Tibisay Lucena, a mis fin à une série de rumeurs prédisant l’annulation des élections parlementaires. Durant une conférence de presse, elle annonça la tenue de ces élections le 6 décembre et rappela que le CNE a, depuis sa création en 2000, organisé et supervisé pas moins de 67 processus électoraux [1], soit plus de 4 par an.
Aucun de ces processus électoraux ne fut reconnu frauduleux par les observateurs internationaux, l’opposition ne se plaignant du système électoral que lorsqu’elle perd. Rappelons que l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter a reconnu que le système électoral vénézuélien est « le meilleur du monde [2] ». À la longue liste des élections organisées par le CNE, s’ajoutent les multiples processus électoraux auxquels les Vénézuéliens se soumettent au sein de leur Conseil communal ou d’autres instances de la démocratie participative, pilier fondamental de la Révolution bolivarienne.
Cet apprentissage démocratique s’est construit peu à peu, élection après élection, faisant presque oublier aux Vénézuéliens que durant la 4e République, la fraude électorale était la norme. Ce succès de la Révolution bolivarienne est une fois de plus menacé par l’opposition, qui emploie des procédés non-démocratiques pour influencer le vote des compatriotes.
Retour sur deux années de coup d’État continu
La guerre de basse intensité dans laquelle est plongé le Venezuela a commencé dans la nuit du 8 décembre 2012, lorsque le président Chávez annonça son départ pour Cuba et désigna Nicolas Maduro comme possible successeur. L’offensive pour tenter de détruire la Révolution bolivarienne va alors adopter deux formes : politique et économique.
Au niveau politique, l’agression commence lors de l’élection de Nicolas Maduro à la présidence de la République. Bien que les normes du CNE n’aient pas changé depuis sa déroute reconnue contre Hugo Chávez quelques mois auparavant, Henrique Capriles Radonski n’accepte pas sa courte défaite et lance ses militants dans les rues pour tenter de renverser le pouvoir. Bilan : 11 morts (tous chavistes) et 72 blessés [3].
Un an plus tard, une tentative de putsch, dénommée La Salida (La sortie) fut organisée par l’ancienne députée Maria Corina Machado, l’ancien maire de l’agglomération de Caracas Antonio Ledezma, ainsi que Leopoldo Lopez. Durant plusieurs mois et avec l’appui de paramilitaires colombiens, les putschistes mirent une partie du pays à feu et à sang. Là encore, le dénouement fut tragique : 43 morts (dont plusieurs militaires bolivariens), et plus de 800 blessés.