Des milliers de personnes sont descendues samedi dans les rues de Madrid, Barcelone et d’autres villes en Espagne contre l’austérité et la misère dont ils accusent la classe politique "corrompue", ont constaté des journalistes de l’AFP.
"Du pain, un toit, un travail", lisait-on sur une grande banderole déployée par des manifestants près de la gare d’Atocha à Madrid d’où ils devaient rejoindre la place de la Puerta del Sol, dans le centre. "Si se puede, si se puede !" (Oui, c’est possible !), scandaient-ils, en écho au "Yes we can" de Barack Obama en 2008.
"C’est quoi cet oiseau ?" demandait une fillette en montrant du doigt un grand volatile fabriqué avec des sacs en plastique. "Un, corbeau, non, un vautour", répondait la mère. "Comme les politiques ?", interrogeait la petite.
Le vautour, c’est Agustin Carretero qui le porte. À 41 ans, il a la chance d’avoir un travail au sein d’un service d’assistance clients. Pour lui, ce qui cloche, c’est plutôt le toit. Car pour beaucoup décrocher la trilogie "pain, travail et toit" reste compliqué.
Agustin Carretero, petit homme que tout le monde veut photographier avec son grand vautour planant au-dessus des manifestants, vit dans un appartement d’environ 50 mètres carrés avec deux enfants de six et huit ans.
Il paye un loyer d’environ 500 euros. Son logement, de type HLM, a été vendu à un promoteur et en 2018 il n’aura plus le choix : soit il l’achète 140 000 euros, soit il s’en va, raconte-t-il. Ils sont plus de 2 300 dans son cas.
Près de 24% des Espagnols sont encore au chômage, même si la croissance devrait atteindre 1,3% en 2014, "la plus forte croissance de la zone euro", selon le gouvernement.
"Ce que raconte le gouvernement c’est de la propagande. La crise se poursuit. On continue à imposer des coupes claires dans la santé, l’éducation (...) à privatiser l’enseignement", explique Carlos un autre manifestant de 48 ans. Pour cet administratif au chômage depuis un an et demi, en fin de droits dans cinq mois, les journées s’écoulent "entre CV et CV, dans le combat".
Pour les salariés, un tiers touche maximum 645 euros par mois. Sur 46,5 millions d’habitants plus de cinq ont été assistés par la Croix-Rouge, qui estime que 84% sont menacés par la pauvreté.