Plus d’une centaine de producteurs bretons ont manifesté leur colère hier soir à Morlaix.
Excédés par la baisse continue de leurs revenus, la concurrence des autres pays européens, dans un contexte d’embargo russe sur les produits agricoles et par les contraintes fiscales et administratives qui pèsent sur eux, ils ont déversé des légumes invendus et du fumier sur la chaussée, mis le feu à des palettes et des pneus, puis mis à sac et incendié le Centre des impôts et de la Mutualité sociale agricole de la ville.
Les pompiers ont été empêchés d’intervenir, la police a constaté les dégâts.
Plus tôt dans la journée, Jean-François Jacob, président de la SICA (société d’intérêt collectif agricole) de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement français de producteurs de légumes, avait prévenu les autorités :
« Les producteurs de légumes ne peuvent plus, dans le contexte économique dégradé que l’on connaît, continuer à fonctionner ainsi. On nous a parlé de façon successive depuis 20 ans de simplification administrative, à chaque fois on constate que c’est l’effet inverse. Nous on dit : stop. Puisque Paris n’arrive pas à mettre en œuvre les simplifications administratives, nous allons, au niveau agricole et peut-être avec d’autres filières et secteurs de l’économie bretonne, mettre en œuvre une simplification administrative de nos relations avec les pouvoirs publics. Ce ne sera peut-être pas très bien perçu... »
Impuissants et déconnectés des réalités, les services de Matignon ont pondu un communiqué navrant :
« Manuel Valls, Premier ministre, condamne énergiquement les saccages et destructions par incendie cette nuit à Morlaix de deux bâtiments affectés au service public, dont celui de la Mutualité sociale agricole, entièrement détruit alors qu’il n’avait que deux ans. Il est particulièrement choquant que les sapeurs-pompiers aient été empêchés d’accomplir leur mission. Des poursuites judiciaires seront engagées contre les auteurs de ces actes. Alors que les pouvoirs publics ont déjà pris des mesures pour soutenir les filières agricoles, rien ne justifie le recours à des méthodes violentes, qui ne résolvent rien et qui pèsent en premier lieu sur les contribuables et les assurés sociaux. Seule la poursuite du dialogue engagé par [le ministre de l’Agriculture] Stéphane Le Foll avec les responsables agricoles nationaux et locaux permettra de répondre aux difficultés que rencontrent les producteurs. »