Dominique Baudis est décédé jeudi 10 avril à l’âge de 66 ans à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, des suites d’un cancer généralisé. Journaliste à TF1 puis France 3, il avait pris la succession de son père Pierre Baudis à la mairie de Toulouse. Membre du comité d’honneur de l’Association France-Israël, il avait présidé l’Institut du monde arabe avant d’être nommé défenseur des droits par Nicolas Sarkozy en juin 2011. Dominique Baudis était surtout l’homme dont le nom planait au-dessus de l’affaire Alègre…
En mai 2003, Dominique Baudis, alors président du CSA, avait annoncé lui-même que son nom serait cité dans l’affaire Patrice Alègre. Des prostituées accusait alors la police d’avoir couvert les crimes d’Alègre (plusieurs homicides) parce qu’il aurait été au cœur d’un réseau de prostitution fréquenté par de hautes personnalités toulousaines. Elles affirmaient également qu’Alègre participait avec Dominique Baudis à des soirées où se déroulaient des viols et des actes de torture, y compris sur mineurs. L’affaire fut relayée notamment par le journaliste Karl Zéro et atteignit son apogée avec la lecture de la lettre-confession de Patrice Alègre en juin 2003 dans Le Vrai Journal sur Canal +. Le gendarme Michel Roussel, qui avait établi les liens entre Alègre et Baudis, prit mystérieusement et précipitamment sa retraite. Quant à Karl Zéro, il connaît depuis lors une traversé du désert, officiant désormais sur une obscure chaîne de la TNT… à la rubrique faits divers. Baudis, de son côté, porta plainte pour faux témoignages, gagna ses procès et fit même interdire un livre sur l’affaire. Avant de quitter la mairie de Toulouse (il fut maire jusqu’en 2001), Dominique Baudis adouba comme successeur Philippe Douste-Blazy (1999), qu’il accusera plus tard de l’avoir lâché pendant l’affaire Alègre.
Dominique Baudis est né le 14 avril 1947 à Paris IXéme. Ancien élève des Jésuites, il était diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Dès 1965, il a pris une part active à la campagne présidentielle de Jean Lecanuet. Centriste, il a créé le Mouvement des jeunes démocrates, dont il fut secrétaire général de 1967 à 1970. Ayant effectué son service militaire dans la coopération comme journaliste au Liban, il a été recruté comme correspondant par TF1, chaîne dont il devint rapidement présentateur du JT (1978-1980). Il présenta ensuite le Soir 3 jusqu’à février 1982.
Ayant hérité du trône de son père à la mairie de Toulouse, il a été conseiller général de la Haute-Garonne (1985-1989), député européen (1984-1988) et député non-inscrit de Haute-Garonne en 1986. Aux élections européennes de juin 1989, il a soutenu la liste de Simone Veil. En janvier 1991, il fit partie de la délégation de députés conduite par le CRIF en Terre promise pour manifester sa solidarité avec Israël, à quelques jours du début de la guerre du Golfe. « Fils spirituel de Lecanuet », il remplaça Alain Peyrefitte à la présidence du comité éditorial du Figaro en mai 2000, avant de prendre la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel (2001-2007) avec l’aval de Jacques Chirac et de Lionel Jospin. Alors qu’il présidait depuis 2007 l’Institut du Monde arabe, il se fit élire député européen sous étiquette UMP (2009). Il devait abandonner tous ses mandats en juin 2011 pour devenir « Défenseur des droits », un poste créé à l’occasion par Nicolas Sarkozy.
Revoir l’analyse d’Alain Soral sur l’Institut du monde arabe, Dominique Baudis et Jack Lang (extrait de l’entretien de janvier 2013) :