C’est la polémique de cette fin de semaine : les critiques cinématographiques du Figaro seraient désormais tricards de projections de presse chez Gaumont et Pathé. Motif de la punition ? Leur manque d’enthousiasme à l’égard des dernières productions de ces deux vénérables maisons : La Belle et la Bête, de Christophe Gans, Les Trois frères le retour, des Inconnus, Supercondriaque, de Dany Boon ou Abus de faiblesse, de Catherine Breillat.
L’histoire n’est pas neuve. Et Le Figaro de nous rappeler que la première embrouille notoire où s’empoignèrent journalistes et industrie naissante du cinéma remonte à… 1928. Déjà, le couple infernal. En un simple poulet, à la va-vite rédigé d’une plume trempée dans un bain d’acide, un pisse-copie peut réduire à néant des mois, voire des années de travail. Sans compter que nombre de ces critiques sont, à l’origine, des cinéastes frustrés ; François Truffaut au premier chef. Paradoxe de ce dernier, qui a assis sa carrière aux Cahiers du cinéma en tapant sur le « cinéma de papa » – Claude Autant-Lara, Gilles Grangier, Denys de la Patellière et autres Henri Verneuil – a clos sa filmographie avec Vivement dimanche, sommet d’académisme bourgeois…
Si certains sont frustrés, la majeure partie est surtout fauchée ; il y a longtemps que le crime journalistique ne paie plus. Quotidien de la profession ? Projections privées dans des salles feutrées, où il était licite de fumer, il n’y a encore pas si longtemps… Fauteuils confortables que jamais le spectateur ordinaire ne verra… Le sourire de l’attachée de presse, souvent gironde, le champagne et le whisky qui pleuvent comme à Gravelotte… L’occasion de rencontrer des vedettes… Mieux, les festivals : une semaine à Deauville, Gérardmer et Cognac ; ou Cannes, pour le gratin de la profession.
La plupart de nos confrères jouent le jeu, et encensent parfois des bouses avec la régularité d’un chronomètre helvétique.