Le terroriste Geronimo capturé et onze complices tués : tel est le résultat - fictif - d’un exercice binational mené jeudi près de Nîmes par les soldats français du 21e RIMA et les Marines américains du SPMAGTF-CR, une unité d’élite créée après l’attaque contre le consulat américain à Benghazi.
Le SPMAGTF-CR, Special Purpose Marine Air Ground Task Force for Crisis Response, est une unité d’élite des Marines. Créée après l’attaque armée contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, en septembre 2012, au cours de laquelle quatre personnes, dont l’ambassadeur américain, avaient péri, elle a pour mission d’intervenir très vite en Afrique.
"L’objectif est d’être capable de répondre à des situations instables, à des crises imprévues dans des délais très brefs et de façon autonome", explique le capitaine chef de la section, Mark Robinson, soulignant que cette unité, installée depuis le 27 avril 2013 sur la base de Moron de la Frontera, près de Séville, fonctionne sous le commandement d’Africom et parfois d’Eucom. "L’intérêt est la rapidité de réaction", ajoute le capitaine Robinson.
Les missions sont de plusieurs ordres. Le SPMAGTF-CR a pour objectif de se déployer pour défendre ou renforcer un lieu, une ambassade ou procéder à des évacuations. Depuis sa création, il est ainsi intervenu à deux reprises vraiment en opération. "D’abord, nous avons fait évacuer l’ambassade américaine de Tripoli. Puis nous avons fait de même à Djouba, au Sud Soudan", détaille l’officier.
L’unité américaine, qui multiplie les entraînements avec les unités étrangères (France, Espagne, Italie, Djibouti...), dispose aujourd’hui, selon le responsable communication, le lieutenant James Stenger, de "55O hommes, tous très expérimentés puisqu’ils ont combattu au Koweït ou en Afghanistan". Une bataille de 10 minutes
"Et pour certains, plusieurs fois", souligne-t-il, précisant que la durée de présence des hommes dans cette unité est généralement de sept à huit mois.
Pour sa mobilité, le SPMAGTF-CR utilise trois avions C130 et six VM22 Osprey, un appareil de transport hybride, croisement entre un avion et un hélicoptère avec des rotors basculants qui lui permettent de décoller et d’atterrir verticalement. "The bird" (l’oiseau), le nomment les Marines.
Jeudi vers 10h20, c’est après trois rotations de ce "Bird" que les 35 soldats américains avec leur M4, et 70 de leurs collègues français de la 1ère compagnie du 21e régiment d’infanterie de Marine (21e RIMA) armés de Famas, ont entrepris de capturer "Geronimo" et ses 11 complices retranchés dans un mas au coeur du centre d’entraînement.
L’exercice, intitulé "Garrigues Fury 2014", dont le plan avait été élaboré en début de matinée lors d’un briefing commun préparé sur le sol par le commandant français Léo Suret, a duré moins de dix minutes.
Bilan : 11 terroristes tués et un seul blessé du côté des alliés. Il s’agissait d’un militaire français, soigné par une équipe médicale franco-américaine et ensuite héliporté au camp de base, à quelques minutes, au Mas de Font Froide où logeaient les Américains.
Le chef terroriste, Geronimo (nom de code d’Oussama Ben Laden, tué dans un raid américain le 2 mai 2011), a lui été arrêté alors qu’il tentait de prendre la fuite en voiture. L’homme, cagoulé et portant un pull rouge avec écrit RIMA sur le dos, a été menotté et exfiltré.
Dans l’après-midi, les soldats devaient effectuer un entraînement physique ensemble. Depuis lundi, ils ont déjà suivi des exercices de tirs, chacun avec les armes de l’autre, et un entraînement au combat dans un village.
"Ce sont des entraînements très utiles pour apprendre à travailler ensemble. Il y a des différences dans les armes, la barrière de la langue", a commenté l’officier de communication, le capitaine Cédric Sabadotto, soulignant que Français et Américains qui avaient vécu une première session commune en octobre et novembre, entendaient rééditer ce genre d’opération régulièrement. Voire mettre en place un vrai partenariat.
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