L’émission Cam Clash de France Télévisions met en scène des débats houleux dans des lieux publics : des acteurs créent une polémique dans la rue, et les caméras cachées enregistrent les réactions des passants. Dans sa dernière vidéo, le programme s’attaque à l’épineux problème des « réfugiés ». Difficile de détricoter le rendu final pour se faire une idée de la réalité du tournage, des conditions choisies et de l’intégralité des propos obtenus, mais certains d’entre eux dégagent tout de même un parfum d’authenticité. Une chose est sûre : l’objectif était de faire du buzz tout en restant dans les clous de la télévision d’État, et pour cela, bien sûr, le montage devait conserver une apparence de neutralité. Mais en présentant comme équivalents – mêmes proportions, même mise en valeur – le bon sens des uns, l’hystérie des autres et tous les entre-deux, le montage ne fait-il pas déjà un choix moral et politique ? Les journalistes qui prétendent refuser le politique se heurtent inévitablement au nœud gordien de leur profession : il n’y a pas de neutralité journalistique, car tout est politique.