Les institutions de transition du Burkina Faso ont été approuvées à l’unanimité jeudi soir par l’Armée et les civils. C’est un pas important vers la transmission du pouvoir, détenu par les militaires depuis le 31 octobre, aux civils.
Armée et civils ont approuvé jeudi soir à l’unanimité une charte fixant les institutions de transition du Burkina Faso. Il s’agit d’une étape importante vers une remise du pouvoir aux civils par les militaires, qui le détiennent depuis le 31 octobre.
"Le présent projet de charte est voté à l’unanimité", a affirmé Henry Yé, président d’une commission qui rassemblait opposition, autorités religieuses et traditionnelles, société civile et armée. L’adoption de cette "charte de la transition" a eu lieu sous les applaudissements des quelque 80 délégués présents, qui ont ensuite chanté l’hymne national, dans l’euphorie générale.
L’autorité de transition permettra le retour des civils au pouvoir et le mènera à des élections qui se tiendront en novembre 2015. Le lieutenant-colonel Isaac Zida devrait promulguer la charte dans les jours qui viennent, ont dit des participants aux négociations.
"Ce travail ouvre de nouvelles perspectives à notre pays, surtout à la jeunesse", dont l’avenir sera "protégé", s’est réjoui Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères et ténor de l’opposition, qui s’est dit "comblé".
"Les Burkinabè ont fait preuve d’une grande maturité. Ils ont réussi là où beaucoup pensaient qu’ils allaient échouer", a commenté Adama Kanazoé, jeune politicien, qualifiant la journée d’"extraordinaire" et d’"historique". Barkissa Konaté, membre de la société civile, a fait part de sa fierté d’être une jeune Burkinabè : "maintenant, nous allons avoir une vraie démocratie !", a-t-elle lancé.
Collège électoral
Le président de la transition, un civil, sera nommé par un collège électoral, a-t-on appris auprès de délégués. Celui-ci sera composé de huit dignitaires religieux et chefs traditionnels ainsi que cinq membres de l’armée, cinq militants de l’opposition et cinq représentants de la société civile.
Le président de l’assemblée, le Conseil national de transition (CNT), sera également un civil. L’armée, qui avait des prétentions sur ce poste, a "cédé" face aux civils, avait reconnu en début d’après-midi le lieutenant-colonel Isaac Zida, l’actuel homme fort du pays.
La charte prévoit que le CNT comptera 90 membres : 30 représentants de l’opposition, 25 de la société civile, 25 de l’armée, les dix sièges restants étant occupés par des élus d’autres formations politiques, dont des membres de l’ancienne coalition que dirigeait Blaise Compaoré, coalition qui n’a pas pris part aux négociations.
Le Premier ministre, désigné par le président, pourra être un civil ou un militaire, selon les délégués. Il sera à la tête d’un gouvernement de 25 membres. "Comme dans une démocratie normale, le président choisira une personnalité qu’il considère avoir les compétences", a remarqué Luc Marius Ibriga, un responsable d’ONG, membre éminent de la société civile.
Concessions
Mis sous pression par l’Union africaine (UA) et les partenaires occidentaux du Burkina Faso pour qu’ils rendent le pouvoir, les militaires ont dû faire des concessions. L’Union africaine a posé le 3 novembre un ultimatum à l’armée pour qu’elle passe le flambeau aux civils dans les quinze jours, sous peine d’éventuelles sanctions. Ce délai expire lundi.