Loin d’être une image apocalyptique avancée par un militant radical, cette réflexion a été faite par le ministre du Secrétariat général de la Présidence, Gilberto Carvalho, à l’issue d’une rencontre avec des mouvements sociaux à Rio de Janeiro le 29 avril dernier. Après avoir été interpellé et hué par des militants opposés à la Coupe du Monde, le ministre a déclaré accepter qu’une « partie de la société » pense ainsi, mais qu’il ne s’agit que d’« une petite avant-garde ». Tout en ajoutant que les critiques sont une « vague de pression qui explose ».
Il y a au gouvernement une certaine inquiétude quant à ce qui peut arriver pendant le Mondial. Le niveau de rejet de cette rencontre sportive augmente de manière soutenue. Selon l’entreprise d’opinion publique Datafolha, la Coupe du Monde avait le soutien de 79 % des Brésiliens en 2008, chiffre qui est tombé à 48 % en avril dernier (datafolha.folha.uol.com.br, 8/4/14). La majorité de la population affirme qu’elle ne souhaite pas que le Brésil postule à nouveau pour accueillir la Coupe du Monde.
Les raisons sont nombreuses : le gaspillage de deniers publics dans les chantiers des stades – qui bénéficient à une poignée de grandes entreprises de la construction alors que les moyens pour la santé, l’éducation et le transport se réduisent - ; l’expulsion de milliers de personnes de leurs quartiers afin d’agrandir des aéroports, des autoroutes et des stades ; et la législation imposée par la FIFA, qui empêche la vente ambulante aux abords des stades, et un ensemble de dispositions ressenties comme des affronts par une bonne partie de la population.
Mais l’élément central est la rébellion qui se propage à partir des favelas, surtout à Rio et à São Paulo. Au cours de ces derniers mois, l’activisme dans les favelas a parallèlement augmenté avec celle de la violence policière et il déborde régulièrement dans les rues. On a pu observer, au cours de l’année écoulée, trois moments clés de cet activisme croissant.