L’Iran aimerait voir la Turquie intervenir à Kobané comme l’a fait remarquer le vice-ministre des Affaires étrangères iranien Hossein Amir-Abdollahian :
« L’Iran a entamé des discussions avec la Turquie pour tenter de convaincre Ankara d’empêcher les jihadistes de l’organisation État islamique de prendre la ville stratégique de Kobané en Syrie. Dans nos premières discussions avec la Turquie, nous avons estimé que ce pays n’est pas en faveur d’une aggravation de la crise dans la région et nous espérons qu’il jouera un rôle positif. La Turquie peut jouer le rôle le plus important pour aider les réfugiés à rentrer chez eux. L’Iran fera tout pour aider les Kurdes de Kobané dans le cadre du soutien au gouvernement syrien. »
Washington aurait également pris la même position que Téhéran. Le département d’État a ainsi affirmé vouloir presser Ankara d’agir :
« Des mesures urgentes et rapides sont nécessaires pour stopper les capacités militaires de l’État islamique et le général John Allen qui coordonne la coalition, va le dire clairement aux responsables turcs. »
Staffan de Mistura, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie a appelé le pouvoir turc à prendre ses responsabilités :
« Nous appelons les autorités turques à autoriser le flot de réfugiés à entrer dans la ville pour soutenir son action d’autodéfense. 10 000 à 13 000 habitants sont à un endroit dans la zone frontière - entre la Turquie et la Syrie - et beaucoup sont encore à l’intérieur de la ville. Si elle tombe, les civils seront le plus probablement massacrés. Puisque Kobane va probablement tomber si elle n’est pas aidée, permettez à ceux qui veulent y aller de se joindre à l’autodéfense, avec un équipement suffisant, l’équipement peut faire beaucoup de choses. Ce n’est pas à travers des résolutions de l’ONU que l’EI s’arrêtera. Notre appel à la Turquie vise à ce qu’elle prenne des mesures supplémentaires pour stopper l’avance de l’EI, sinon nous tous, y compris la Turquie, le regretterons. »
Ankara a déclaré ne pas vouloir agir seul contre l’État islamique et se refuse à intervenir au sol contre les milices jihadistes.
Cette position a provoqué l’ire des Kurdes de Turquie, depuis lundi soir, les manifestations ont fait au moins 31 morts et 360 blessés parmi les protestataires (des militants du PKK) et les forces de l’ordre. Le président Erdogan a averti les protestataires :
« Nous ne tolérerons pas le moindre acte de menace ou d’intimidation qui remet en cause la paix en Turquie, sa stabilité et sa sécurité et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour combattre tous ceux qui commettent de tels actes d’intolérance. »
Sur le terrain, les combattants de l’État islamique progressent dans plusieurs quartiers de la Kobané et se seraient emparés du QG des forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui défendent la ville. 40 % de la ville serait désormais sous leur contrôle.