Né le 7 octobre 1952 à Leningrad, Vladimir Poutine fête aujourd’hui ses 62 ans. Suscitant autant la fascination que la haine, Poutine ne laisse pas indifférent dans son pays comme dans le reste du monde. Retour sur son parcours.
Issu d’un milieu modeste, Vladimir Poutine étudie le droit à l’université de Leningrad, d’où il sort diplômé en 1975. Il intègre ensuite le KGB et est envoyé en 1985 en mission à Dresde, en République démocratique allemande. Après la chute du Mur, il retourne à Leningrad au sein de la direction locale du KGB. Dans le cadre de ce poste il travaille étroitement avec son ancien professeur Anatoli Sobtchak, devenu recteur de l’université de Leningrad. Ce dernier est élu maire de Leningrad en 1991 et nomme Poutine en tant que conseiller aux affaires internationales. L’influence de son protégé au sein de la mairie ne va cesser de croître, jusqu’à sa démission en 1996 suite à la défaite électorale de Sobtchak.
En août 1996, Vladimir Poutine est nommé adjoint au directeur des affaires de la Présidence à Moscou. L’année suivante, il intègre l’administration présidentielle, dont il gravit rapidement les échelons. Le 9 juillet 1999, au terme de luttes de pouvoir internes, il parvient à se faire nommer président du gouvernement, soit numéro deux de l’État russe, par Boris Eltsine alors en difficulté. Jusqu’à présent inconnu du grand public, Poutine s’impose médiatiquement lors du règlement du conflit tchétchène. Allant jusqu’à déclarer publiquement qu’il faudra « buter les terroristes jusque dans les chiottes », il mène la lutte contre les velléités indépendantistes et le projet de république islamique dans le Daghestan, voisin de la Tchétchénie. La seconde guerre de Tchétchénie est alors menée à partir du 1er octobre 1999. Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine démissionne, laissant Vladimir Poutine assurer les fonctions de président par intérim. Il est officiellement élu le 26 mars 2000 avec 52,52 % des voix.
Dans une Russie ravagée par une décennie de libéralisme, la restauration de l’autorité de l’État est la première priorité du nouveau président. Chantre de « la verticale du pouvoir », de « la dictature de la loi », de « la démocratie souveraine » et du « capitalisme administré », Vladimir Poutine s’emploie à neutraliser les contre-pouvoirs et à reprendre en main les grands groupes industriels. En effet, les années 1990 ont été marquées par le pouvoir des oligarques, assurant la primauté de l’économique sur le politique. Redonnant du sens au pouvoir politique, Poutine réserve à ces oligarques des sorts divers selon leur capacité à se mettre au service de l’État. Ainsi Mikhaïl Khodorkovski est emprisonné en 2003 alors qu’il négociait la cession d’une partie du capital de la société pétrolière Ioukos à deux compagnies étrangères : Chevron-Texaco et ExxonMobil. Boris Berezovsky (pétrole) et Vladimir Goussinski (médias) s’enfuient à l’étranger, tandis que d’autres comme Roman Abramovitch (pétrole), Anatoli Tchoubaïs (nanotechnologies) et Vladimir Potanine (exploitations minières) sont épargnés en contrepartie de leur ralliement au régime.
Les succès économiques du pays permettent à Vladimir Poutine d’être largement réélu en mars 2004 avec 71,2 % des suffrages. En 2005, il lance un « New Deal démographique », destiné à relancer la natalité et à faire diminuer la mortalité. Le taux de fécondité était en effet passé de 2,01 enfants par femme à 1,17 entre 1989 et 1999. Depuis 2005, ce taux est en hausse chaque année pour atteindre 1,75 enfant par femme en 2013. Le taux de mortalité a également légèrement diminué, ce qui a permis à la population russe de cesser de décroître depuis 2009.
Ne pouvant se représenter en 2008, Vladimir Poutine soutient Dmitri Medvedev. Ce dernier est élu président le 2 mars 2008 avec 70,28 % des suffrages et nomme quelques mois plus tard Poutine au poste de Premier ministre. Ce stratagème permettra à Poutine de se représenter en 2012 pour un « nouveau premier mandat » et d’être réélu avec 63,6 % des suffrages, au grand dam de la bourgeoisie libérale particulièrement présente à Moscou, ville dans laquelle il ne réunit que 48 % des voix. Aux yeux de l’étranger, ce premier mandat est d’abord marqué en 2013 par les lois de société visant à protéger les mineurs de la promotion des sexualités non-traditionnelles, et donc à les bannir de l’espace public. Après cette première opposition à la morale libérale occidentale, le président russe est entré en confrontation avec « l’Occident » sur le terrain géopolitique en Ukraine.
Symbole de la force du politique et de sa primauté sur l’économique dans un pays où le taux de chômage est passé sous les 5 % depuis mai dernier, Vladimir Poutine est également un pragmatique : qualifiant la chute de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle », le président russe accepte le passé de la Russie dans son intégralité, attitude qui contraste avec les repentances imposées à la moindre occasion dans le reste de l’Europe. Adepte de la realpolitik, Poutine défend avant tout les intérêts de la Russie. Combattant le cas échéant l’intégrisme islamique sur son territoire, il entretient de bonnes relations avec les représentants de l’islam dans son pays (près de 15 % de la population russe est musulmane, plus de 50 % dans certains États comme le Tatarstan, en plein cœur de la Russie). Allié de l’Iran chiite et de la Syrie de Bachar al-Assad, la Russie de Poutine parvient cependant à entretenir des liens avec Israël. Le 27 mars dernier, cette dernière s’est d’ailleurs abstenue de voter à l’ONU une résolution appelant à ne pas reconnaître le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie.