relire louis ferdinand celine qui avait fait cette guerre :
Les blancs ils la verront même pas la Paix de la France en morceaux... De l’Ariège à la rue Lappe, de Billancourt à Trégastel on emmènera tout !... Boudins !... Vous passerez tous dans la farce ! Olivet ! Dufour ! Bidart !... Dudule et grand Lulu !... et la Gencive ! et le Tondu !... Keriben et Vandenput... vous verrez pas ça !... Vous y verrez qu’un nuage de sang et puis vous serez morts !... éclatés !... tout écartelés vivants... le long des trois fronts... Dans un entonnoir vous laisserez à tremper vos tripes... dans l’autre vous tournerez la soupe, le grand rata des gadouilles avec vos moignons... vos poumons sortis, travaillés en franges, translucides, feront de la broderie dans les fils de fer... Ça sera pas beau ? Déjà pour vous marrer le dimanche allez donc ajouter vos noms sur le Monument aux morts, celui de votre paroisse... Ça vous fera un but de promenade avec la famille... Comme ça on vous oubliera pas... tout à fait... Occupez-vous-en dès demain... Ainsi gravés dans le marbre, vous pourrez partir tranquilles, l’esprit plus libre. C’est même le seul endroit, ce marbre, de nos jours, que [***] essayent pas de truster... Vous serez là, entre frères de race, je vous le garantis... Vous trouverez pas beaucoup de [***] sur les Monuments de la dernière... les monuments de vos morts... nos pissotières à fantômes, nos dolmens pour cons dociles, pour nos cadavres super cocus... ils disent pourtant bien notre passé, nos infects "monuments aux morts"... notre présent, tout notre avenir... On les regarde pas d’assez près, jamais d’assez près, je trouve, ces méridiens de notre chance... Tout est pourtant bien nettement écrit dessus... dans le granit et dans le marbre.
Cette fois l’occasion est splendide, jamais si magnifique riflette ne fut offerte aux hordes paumées, une étendue extraordinaire pour rendre leurs âmes éperdument ! Du renfrogné Dunkerque au sémillant Biarritz !... Tous les goûts ! Que d’espace pour nos écumoirs !... Il va falloir drôlement qu’on fouille, trifouille les Recrutements pour garnir tout ça d’effectifs !... qu’on racle, qu’on ratisse à fond qu’on expurge les moindres crevasses du terroir, qu’on déterge les moindres fissures où l’indigène peut se planquer..
Répondre à ce message