Près de 100 scientifiques réputés ont signé une tribune dénonçant la stratégie des industriels, qui orientent la politique de Bruxelles en matière de santé publique et d’environnement.
Jusqu’à quand la dangerosité des perturbateurs endocriniens sera-t-elle minimisée par les instances politiques ? Jusqu’à quand les industriels parviendront-ils à imposer leur calendriers et leurs choix en matière de réglementation européenne sur des substances pourtant décriées depuis des années par la communauté scientifique ? C’est en matière ce que dénonce une tribune, publiée mardi dans Le Monde, en français et en anglais, et signée par près de 100 scientifiques internationaux renommés, spécialistes des troubles hormonaux ou des évolutions climatiques.
Selon eux, le lobbying des industriels (qui fabriquent et vendent les substances considérées comme des perturbateurs endocriniens) est tel que depuis des années, l’Europe reste incapable de légiférer pour encadrer correctement l’utilisation de ces produits, pourtant jugés dangereux pour la santé humaine.
Les perturbateurs endocriniens, substances chimiques capables d’interférer avec notre système hormonal et de le contaminer, sont présentes dans de très nombreux produits de notre quotidien (alimentation, cosmétiques, ameublement, matériaux de construction...)
D’un côté, des études qui dénoncent le danger
Les études démontrant leur dangerosité même à très petite dose, se sont multipliées ces dernières années. Selon les scientifiques, l’exposition à ces polluants est particulièrement critique lors de « certaines périodes du développement, pendant la grossesse ou la puberté, lorsque notre organisme est particulièrement vulnérable ».
Leur effet est souvent irréversible.
Résultat : leur prolifération est une véritable « menace mondiale pour la santé », alertent les signataires de la tribune.
Jamais l’humanité n’a été confrontée à un fardeau aussi important de maladies en lien avec le système hormonal : cancers du sein, du testicule, de l’ovaire ou de la prostate, troubles du développement du cerveau, diabète, obésité, non-descente des testicules à la naissance, malformations du pénis et détérioration de la qualité spermatique.
De l’autre, des industriels qui veulent gagner du temps
Face à ces études alarmantes, la première réaction aurait pu être la décision d’appliquer le « principe de précaution » et de stopper l’utilisation des substances mises en cause.
Mais c’était sans compter sur les enjeux financiers d’une telle décision, beaucoup trop importants pour être ignorés par les industriels.
Aussi, selon les signataires de la tribune, la stratégie des fabricants est souvent la même :
Nier en bloc les accusations
Si une étude vient confirmer les risques, sortir une contre-étude pour maintenir le doute
Créer une controverse scientifique pour laisser les politiques dans le flou, afin de gagner du temps sur les législations