Édouard Husson – Ukraine : "la France est larguée et n’a plus de stratégie"
16 février 2023 16:28, par nicolasjaissonLa France ne sait pas où elle va ? A u contraire, la France reprend le flambeau de la lutte pour le « principe des nationalités », qui avait été le fer des lance idéologique des armées de Napoléon Ier et de son petit-neveu Napoléon III dans leurs guerres européennes et asiatiques contre les empires centraux. Ce principe des nationalités a toujours été au coeur des controverses, qui n’ont pas arrêté d’agiter le Comité central du PCUS, jusqu’à l’éclatement de l’URSS, qui a vu les Républiques issues de l’empire tsariste reprendre un destin national, avant que se reconstitue un nouvel ensemble autour des structures de l’Union eurasiatique. Il se trouve que les liens qui relient les états constituant l’Union économique eurasiatique sont de plus en plus distendus, du fait que les structures d’association ne fonctionnent pas, tant les relations d’intérêts mutuels entre les états membres sont devenus divergentes : certains, comme la Biélorussie, continue à rechercher leur salut dans une intégration étroite avec l’économie russe, d’autres, comme les états du Caucase ou d’Asie centrale lorgnent de plus en plus vers la Turquie ou la Chine. Face à un désagrégation en puissance de la Fédération de Russie, d’aucuns s’imaginent qu’un bon coup de pied dans la charpente vermoulue de cet ensemle technocratique suffira à le faire s’effondrer de lui-même. En ce sens les membres de l’OTAN voient dans la guerre en Ukraine une opportunité historique de reprendre la main, que ces nations avaient perdue contre l’empire tsariste depuis les conquêtes de Pierre Ier et de Catherine de Russie, princesse allemande mais qu’importe, jusqu’à feu l’URSS. Autant dire que les « Moscovites » risquent gros dans cette affaire, qui pourrait déboucher sur un retour à la case départ, où la Russie serait réduite à la portion congrue, tandis que se dessinerait un remaniement générale de la carte eurasiatique, au profit de la Chine et de la Turquie du côté asiatique, tandis que la Suède, la Finlande et la la Pologne seraient les principaux gagnants du côté occidental. Ainsi périrait le dernier empire issu de l’ordre mondial de 1945, dont les nationalités reconstitueraient un ensemble européen, qui avait été perdu à la suite des deux guerres mondiales, qui devait déboucher sur la fin des nations intégrées dans des structures supranationales. Cette revanche de l’Histoire sur la volonté prométhéenne de créer un Etat mondial ne serait pas le moindre des paradoxes de ce conflit.