Rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église : entre ombres et falsifications
10 janvier 2022 14:20, par Veritas odium obsequium amicos paritMonsieur Jacques Bonnet se demande pourquoi l’Église ne dénonce pas ces graves défauts du rapport Sauvé.
La réponse se trouve dans un ouvrage de Philippe Decourt (Les Vérités indésirables, volume I, Paris, La Vieille Taupe, 1989) :
Les Soviétiques ont bien compris pourquoi (comme eux, mais pour d’autres raisons) l’Église défend aujourd’hui la mémoire de Galilée et critique, et déplore, sa condamnation. En juillet 1968, devant une « assemblée des prix Nobel », le très important cardinal König proposa une réhabilitation de Galilée. Les Soviétiques ne tardèrent pas à répondre. Dès avril 1969, Mtchedlov écrivait dans une revue soviétique ayant une grande autorité chez les intellectuels soviétiques :
« Ces derniers temps, consciente du déclin de son influence, l’Église catholique mobilise toutes ses possibilités pour “s’insérer” dans la civilisation moderne ou, du moins, pour ne pas apparaître comme un organisme manifestement étranger » … « À cet égard, les thèses présentées par l’archevêque de Vienne [le cardinal König] sont très significatives du nouveau climat qui règne au Vatican, du désir de ce dernier d’élargir les contacts avec le monde d’aujourd’hui, pour y trouver des partenaires et des alliés. »
Decourt cita plus haut Arthur Kœstler (Les Somnambules) :
« La gloire de Galilée repose surtout sur des découvertes qu’il n’a jamais faites, et sur des exploits qu’il n’a jamais accomplis. (…) il n’a pas été un martyr de la science. »
De nouveau Decourt :
Il existe des vérités indésirables. Autant sur le plan scientifique que moralement, Galilée est indéfendable. Mais on le cite toujours comme exemple du savant persécuté pour ses opinions scientifiques. Et comme il sert d’exemple, il faut entretenir l’idée qu’il fut un grand savant. Il y a trois siècles et demi qu’on le raconte. Ce ne fut pas pour ses opinions scientifiques qu’il fut condamné, mais on ne le sait pas. Et on ne veut pas le savoir pour ne pas détruire une légende qu’on désire conserver.
L’Église catholique est particulièrement soucieuse d’entretenir cette légende.
(…)
Et il [Georges Béné, un des auteurs d’un livre sur le procès de Galilée] cite beaucoup d’autres exemples récents tels que le Père Lavocat en 1965 à propos de Galilée : « Un fossé a commencé à s’ouvrir [avec le procès de Galilée], qui ne fit que s’élargir entre l’Église et la communauté internationale des scientifiques. »