Je ne suis pas d’accord avec Gilad Atzmon lorsqu’il dit qu’en le jazz est mort en se réduisant à sa recette technique formelle.
Dire cela, c’est donner carte blanche au premier ignare qui voudrait juger sans faire l’effort de comprendre. « Que de la technique sans âme... »
Que pense-t-il de Wynton Marsalis, considéré comme un fasciste pour avoir exclu les métissages progressistes du programme dispensé dans son école afin de sauver le jazz d’une mort certaine dans les années 80 ?
La question d’un décalage entre la technique et la valeur artistique est pertinente mais a été savamment détournée par les producteurs de pop musique et mécènes d’art contemporain : dès que l’on maîtrise une technique ignorée du grand public, ce que l’on fait est considéré comme un exercice de technicien qui n’a aucune âme et aucune valeur artistique.
C’est cette idée qui a détruit le jazz, indiquant au public (mais aussi aux musiciens) que pour rester dans la dynamique de l’évolution, il fallait absolument s’adapter aux codes des modes populaires successives.
Les mouvements hippie, punk, rap, etc ont chacun joué sur une appartenance idéologique affichée par un style vestimentaire, faisant chaque fois chuter le niveau musical tout en prétendant l’élever.
La conséquence de tout cela est qu’un auditeur lambda se sent mis de côté par des musiques plus approfondies, ne peut s’y identifier par aucun code vestimentaire ou social, ni dans une complexité qu’on ne lui a pas appris à appréhender.
(Suite...)