Un jour en France : vendredi 3 février 2017
4 février 2017 10:24, par DominoVous posez une vraie question de fond en fin d’article.
Ce qui est en cause, ce n’est pas Fillon, c’est l’organisation de notre démocratie en général et le financement de la vie politique en particulier, une fois souligné qu’il est bien compréhensible que beaucoup de Français se révoltent devant les montants cités.
Une campagne électorale coûte cher, et de plus en plus cher lorsqu’on s’élève dans la hiérarchie des mandats.
Les sommes en jeu dans l’affaire Fillon sont "peanuts" par rapport au coût d’une campagne. Là où les Etats Unis jouent une vraie transparence dans une sorte de "marché électoral", la France abrite des pratiques douteuses derrière un financement public notoirement insuffisant assorti d’une usine à gaz appelée "remboursement des frais de campagne". Toute candidat à une élection quelle qu’elle soit, sait pertinemment qu’il en est de sa poche. Dès lors, où peut-il trouver les sommes nécessaires ?
On s’offusque lorsqu’un financement est révélé, mais les citoyens biberonnés à l’Etat providence font comme si le financement public affiché était suffisant. La primaire a aggravé le problème : si la campagne du candidat d’un parti est évidemment financée par ce dernier, qu’en est-il de la campagne des primaires ?
Soit le candidat se finance lui-même, soit il fait appel à des donateurs. La France a fait le choix de limiter chaque don à 7500€, là où les Etats Unis prônent la liberté. Liberté qui a une conséquence : le candidat, s’il est élu, devient l’obligé de ses principaux donateurs. La dernière campagne américaine a mis en lumière ce qui se pratique depuis longtemps : une majorité d’élus sont redevables vis-à-vis de lobbies. Il est interdit de le dire (n’est-ce pas M. Poisson ?). La politique Washington est largement dépendante du financement des campagnes électorales, et si la fortune de M. Trump a permis sa campagne, elle lui a surtout assuré l’indépendance de sa politique.
Un candidat soucieux de ne pas être l’otage de pressions s’il accède au pouvoir, doit "se débrouiller" pour se financer lui-même. Fillon a certes profité de sa situation d’élu, il a créé une société de conseil, mais rien de vraiment illégal. Il recueille aussi des dons depuis 2-3 ans. Un minimum de bon sens voudrait qu’on y voie un gage qu’il respecte son programme une fois élu. C’est peut-être ça qui dérange...