Jean-Michel Vernochet sur la Grèce et l’actualité européenne
26 janvier 2015 10:01, par nicolasjaissonIl manque une analyse économique dans cet exposé qui reprend les grandes lignes des discussions politiques, mais fait fi des réalités économiques de la Grèce qui constituent pourtant l’arrière-fond des négociations concernant la dette publique grecque. Le parti Syriza prétend à la fois reprendre les programmes de dépenses publiques, sous la forme de l’embauche de fonctionnaires et de rétablissement des prestations sociales tout en dénonçant tout ou partie de la dette accumulée par l’Etat grec. Il y là comme une ambiguïté fondamentale, dans la mesure où il est impossible de conserver le même niveau de dépenses non productives, tout en refusant les obligations financières en découlant. La moindre des cohérences, lorsqu’un Etat veut se passer du financement par les marchés est de mettre en face de ses dépenses de nouvelles ressources financières autres que la dette. En l’occurrence, il s’agirait de remplacer le financement par la dette par le financement par les revenus du capital privé, autrement dit au lieu d’hypothéquer la richesse privée inexistante par l’émission de dettes, l’Etat grec reconstituerait les capacités productives du pays en facilitant la création d’entreprises et le développement d’un tissu de PME industriels adaptées aux besoins de l’économie grecque. Or de cela il n’est pas question, puisque Syriza veut poursuivre la politique engagée ces trente dernières années par le Pasok en pratiquant une politique de relance par l’offre monétaire passant par l’emballement des dépenses publiques et par une augmentation des impôts sur les entreprises et les hauts revenus. Certes il est louable de s’attaquer à l’oligarchie du grand capital accusée de faire le jeu des banquiers et de Bruxelles, mais encore faut-il se doter des moyens de sa politique, c’est-à-dire redonner du pouvoir économique et monétaire à la société civile en lui permettant de reconstituer son capital patrimonial confisqué au profit du capital financier et de l’oligarchie mondialiste depuis la fin de la monarchie dans les années cinquante. A l’époque la Grèce était encore un pays de négociants florissants entre l’Asie mineure et l’Europe qui animaient une foultitude de comptoirs commerciaux en Méditerranée de l’Est. C’est la perte de ces comptoirs commerciaux qui a entraîné la chute progressive de l’économie grecque satellisée dans la mouvance mondialiste. Gageons donc qu’une sortie de l’Euro n’est pas pour demain, car l’idéologie au pouvoir reste la même fondamentalement.