Entretien avec Marion Sigaut sur les mensonges historiques
24 septembre 2014 17:37, par MivilleJ’espère, Madame Marion Sigaut, dont j’admire le courage dans la conduite de votre recherche, que vous allez poursuivre votre travail jusque sur vous-même, jusqu’à vous faire à la réalité que non seulement l’Histoire telle qu’elle vous fut enseignée est un tissu de mensonges, mais que toute Histoire dont se réclame toute civilisation, même absolument conforme à des principes idéaux, ne peut mathématiquement se constituer que de mensonges, ou du moins de mythes, appréciés pour tels comme supérieurs à la réalité.
Les civilisations qui justement tendent mieux que d’autres vers un certain idéal, quel qu’il soit, déconsidèrent l’écriture et l’enseignement de l’histoire comme étant en soi un signe de décadence, et considèrent que l’esprit est mieux formé, par exemple, par la lecture de contes pour enfants du genre que transmet la tradition (pas les producteurs modernes de livres et de dessins animés commerciaux).
La vérité est éternelle ou elle n’est pas, et l’attention prioritaire portée à ce qui par définition fut transitoire ne peut référer par définition à aucune vérité, qu’à des fabrications. On aura beau contester telle ou telle version de l’histoire officielle au profit d’une autre, ce ne sera jamais qu’au profit d’une autre plus riche en mensonges encore : nul ne peut découvrir en histoire une vérité partielle sans l’aide de l’adhésion à un poids de mensonges plus lourd par le même principe physique que l’eau ne monte momentanément dans un siphon que par l’appel d’un courant plus descendant.
Effectivement, l’idée que les gens des Lumières aient été les grands humanistes et progressistes de leur temps est une contre-vérité presque parfaite, mais depuis 1968 environ il est devenu de bon ton de la dénoncer dans la mesure où il s’agit maintenant de vendre une cosmologie où les intellectuels sont de trop, où celui qui adore trop le sujet de son étude ou le prend trop à coeur est un malade mental.
De manière plus générale, dénoncer sur la place publique des envoûtements ne rend pas la population plus éveillée mais plus cynique, c’est la grande erreur de tous les théoriciens de la conspiration : non qu’il n’aient pas bien souvent parfaitement raison sur la plupart des détails qu’ils allèguent, mais ils partent du principe que le mal est généralement commis par ignorance, alors qu’il l’est par intention en pleine connaissance de cause de la part non seulement des maîtres d’oeuvre de ce mal, mais du gros du public accusé à tort d’être endormi.