Entretien avec Semir Osmanagich : La révolution de l’Histoire
29 mars 2013 18:12, par Olivier_8La mythologie grecque, pour prendre une référence proche et directe de notre propre civilisation, fait se succéder l’Âge des Dieux, l’Âge des Héros, et enfin l’Âge des Hommes ; et à chaque fois, on descend d’un cran ...
Il est vrai que la sensation, que tout le monde peut aisément partager, d’échec de notre civilisation (cf. "La faillite du monde moderne" ...), et que cela incline à voir nos ancêtres comme meilleurs que nous ...
Toutefois, en tant que mathématicien, je ne serai vraiment convaincu de cette idée de lente dégénérescence de l’humanité que lorsque l’on aura la preuve qu’une civilisation ancienne avait posé des choses aussi élémentaires que l’hypothèse du continu, les propriétés d’associativité et de commutativité, la linéarité, sans parler des nombres complexes, des géométries non-euclidiennes, de la théorie de Galois, etc. ...
Ceci d’autant plus que les connaissances mathématiques ne nécessitent aucun moyen matériel (les ordinateurs ne participent aux preuves que depuis très récemment), et tiennent en quelques formules ou quelques schémas (nul besoin de pages et de pages).
En considérant parallèlement que, vu l’importance gigantesque des connaissances mathématiques, les civilisations anciennes, dans leur désir de transmission, auraient nécessairement eu à cœur de transmettre ces connaissances ; si elles les détenaient, tout porte à croire qu’elles les auraient gravées d’une façon ou d’une autre.
Je crois donc vraiment qu’il faut se calmer sur une soi-disant excellence scientifique des civilisations anciennes.
Là, en revanche, où je suis sûr que nous avons dramatiquement régressé, c’est sur la capacité de vision perspective de l’humanité : je crois que nos ancêtres vivaient à l’échelle des siècles, voire des millénaires, tandis que nous, aujourd’hui, vivons à échelle de quelques années, au mieux à l’échelle des vingt-cinq premières années de nos enfants.