Laurence Bloch ou le racisme de classe
24 octobre 23:25, par koussikoussaFaut-il encore s’étonner, en 2025, de la façon dont la bourgeoisie parle au peuple, comme à une espèce qu’il faudrait instruire, dresser, civiliser ? Ces sociologues au ton sucré, bardées de diplômes inutiles, s’adressent aux migrants comme à des enfants attardés. Elles les félicitent de leurs progrès, corrigent leurs écarts, compatissent à leurs malheurs, mais tout en les tenant à distance. Sous leur compassion se cache une domination polie : elles parlent pour les autres afin qu’ils ne parlent jamais eux-mêmes. Elles croient comprendre, elles dissèquent. Elles prétendent aimer, elles classent. Leurs mots ne libèrent rien, ils fixent la hiérarchie.
Asselineau l’a rappelé : en 1940, aucun haut fonctionnaire, aucun notable n’a rejoint la Résistance. La bourgeoisie, elle, s’est adaptée, fidèle à son confort. Pendant que les humbles risquaient leur vie pour sauver l’honneur du pays, on dînait au restaurant sous l’Occupation. On trinquait à la survie, on se parfumait à la docilité. L’élite a préféré la signature à l’épée, la soupe chaude à la liberté. Les rideaux se fermaient sur les rafles, mais le dessert était servi.
Aujourd’hui, la même caste se proclame « résistante » parce qu’elle pleure sur les plateaux, s’indigne sur les réseaux, signe des tribunes qu’elle ne lit pas. Elle se dit alliée du peuple sans jamais le fréquenter. Elle théorise la misère depuis les terrasses où le café coûte huit euros. Son progressisme n’est qu’un miroir où elle contemple sa propre bonté.
Elle parle d’égalité pour mieux rester au-dessus, d’ouverture pour mieux contrôler, de justice pour mieux dormir. Ces gens n’ont pas d’idéaux, seulement des positions. Leur humanisme est un luxe moral, une parure de saison. Ils se croient libres parce qu’ils se croient du bon côté de l’Histoire, mais l’Histoire, elle, ne garde jamais mémoire des hypocrites.
Le peuple, lui, se tait encore, mais il observe. Il sait que ceux qui prétendent l’éduquer vivent de son silence. Et viendra l’heure où les salons se tairont, où les masques tomberont. Ce jour-là, la vertu affichée des bien-pensants se révélera pour ce qu’elle est : le dernier refuge de la peur.

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