Glucksmann, le dernier barrage contre le RN
1er octobre 14:03, par koussikoussa : La flottille progresse dans son déplacement ?Ils parlent fort, ils écrivent bien, ils gesticulent dans l’air épais des assemblées feutrées. Ils se disent du côté des opprimés, du côté de la justice, mais leur révolte ne coûte jamais plus qu’un tweet ou une banderole en carton. Ils portent la cause comme on porte un badge, jamais comme une croix. Leur engagement tient jusqu’à la première gifle du réel, puis s’éteint comme une chandelle trop vite consumée.
On les reconnaît : ils savent toujours mieux que tous ce qu’il faudrait faire, mais ne lèveront jamais un doigt si ce n’est pour pointer les failles d’autrui. Ils applaudissent le courage des autres à condition que ce courage ne vienne pas leur troubler le confort. Ils prônent la révolution comme on vend un slogan, à condition qu’elle rapporte en visibilité, en carrière, en argent. Révolutionnaire si ça paye bien, mais pas suicidaire.
Qu’on ne se trompe pas : mener un plan d’envergure n’est pas affaire de bons mots ni de postures morales. C’est compter l’argent, savoir qui paie, qui prend les risques, qui sera prêt à tomber si les choses tournent mal. La logistique, la stratégie, le financement, voilà ce qui distingue une action de théâtre d’un véritable acte. Et là, ces bourgeois de cœur tendre mais d’échine molle se volatilisent aussitôt que la douleur s’annonce.
Car il faut dire la vérité nue : on n’est pas Jésus qui veut. Lui a choisi la souffrance, il n’a pas fui la croix, il l’a embrassée. Voilà la mesure du courage : accepter la douleur non pour soi mais pour l’autre. Voilà ce que signifie porter la cause jusqu’au sang et aux larmes. Qui, parmi ces bien-pensants de confort, en est capable ? Très peu, presque aucun. Leur indignation est rentable mais stérile, leur compassion est spectaculaire mais sans chair.
Partager la souffrance des Palestiniens, ce n’est pas brandir leur drapeau quand cela brille aux yeux des caméras. C’est partager la peur, le risque, la nuit sans sommeil. C’est donner son argent, son temps, sa réputation, et parfois son corps. C’est accepter que la solidarité blesse, que la solidarité coûte, que la solidarité fait mal. Tout le reste n’est qu’un luxe verbal, une morale d’alcôve.
Le monde n’a pas besoin de leurs jérémiades ni de leurs indignations calculées. Il a besoin de bravoure, de l’éclat tranchant de ceux qui savent souffrir sans se plaindre. Il a besoin de cette vérité : seule la douleur assumée donne poids au mot justice.