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28 septembre 21:46, par Saturnin PompierLes tatouages et les tatoués
Première partie
Pendant des siècles, la peau a été considérée comme un reflet de pureté, de dignité et de respect de soi. Aujourd’hui, cependant, le tatouage corporel est devenu un symbole de fausse rébellion et une mode, et révèle en réalité un phénomène bien profond : la dégradation sociale et culturelle de notre époque.
Ceux qui défendent le tatouage parlent de "libre expression" d´ "individualité", de "personnalité"... Mais quelle individualité peut-il y avoir dans une pratique si répandue qu’elle est devenue uniforme ? À chaque coin de rue, sur chaque plateforme des réseaux sociaux, bras, cous et visages (même le bas du dos) sont marqués des mêmes symboles : barbouillages polynésiens, celtiques ou autres, des flammes qui sortent du col la chemise et remontent sur le cou, têtes de mort, phrases à la con en anglais low cost. Le paradoxe est évident : ce que l’on vend comme de l’authenticité n’est rien d’autre qu’une obéissance à une tendance superficielle. Être tatoué aujourd’hui, ce n’est pas être libre : c’est être esclave de la mode.
Avant, être tatoué c’était être un dur ("C´est un dur, c’est un tatoué", disait-on dans le temps). Aujourd’hui c’est le code à barres des abrutis.
Un tatouage n’est ni un vêtement, ni un accessoire que l’on peut enlever. C’est une empreinte irréversible qui perdure pour toujours. Croit-on vraiment que les choix impulsifs de ces demeurés se verront aussi bien à 60 ans, lorsque la peau se relâchera et que le teint sera estompé ? Imaginez un papillon sur la fesse d’une mémère. Ce n’est pas seulement le corps qui se détériore, c’est le souvenir même d’une époque d´imbécilité qui est marquée à jamais.
L’essor du tatouage est indissociable de son contexte social. Là où régnait autrefois un idéal de sobriété, d’élégance et de respect du corps, prédomine aujourd’hui une culture de l’éphémère, de la provocation facile et d’un exhibitionnisme constant. C’est la même logique qui transforme la musique en bruit, la politique en spectacle et l’éducation en formalité vide de sens : tout doit être immédiat, accrocheur et superficiel. Les tatouages ne sont qu’une autre facette de cette culture du "prêt-à-jeter".